En 1979, Gloria Gaynor faisait flèche de tout bois et, pour les plus politisés d’entre vous, l’Union soviétique mettait fin à la détente avec les États-Unis en envahissant l’Afghanistan.
Accessoirement, le Canadien et les Maple Leafs s’affrontaient en séries éliminatoires dans ce qui fut une raclée de bon aloi, un balayage en quatre matchs. Depuis ce temps, vous le savez maintenant, ces deux équipes n’ont pas croisé le fer, la faute essentiellement à des divisions remaniées et à une hérésie en 1993.
À ce niveau donc, la feuille est blanche, immaculée. L’on ne peut se servir du passé pour prédire l’avenir, même si l’on pourrait être tenté de le faire en raison des 10 rencontres entre le CH et les Leafs cette saison, Toronto ayant prévalu sept fois.
Il y a toutefois un contexte. Le Tricolore a performé en deçà de ses capacités et pourrait, avec des joueurs reposés et guéris, offrir une opposition bien plus respectable qu'aperçue récemment.
Voici quelques clés de cet affrontement tant attendu, mais, tristement, qui ne sera savouré qu’à la télévision… du moins pour l’instant.
La bataille de la possession
Le CH figure parmi l’élite de la Ligue nationale pour contrôler la rondelle. Son taux de 54,5 % le place au 2e rang. Qui sont les six premiers à ce chapitre, demandez-vous?
Montréal est 2e, on vient de vous le dire. Colorado en est le champion, puis les positions de 3 à 6 sont occupées, dans l’ordre par Boston, la Caroline, la Floride et Vegas. À une exception près, les équipes contrôlant le jeu appartiennent à la fine fleur de ce circuit.
L’enjeu devient particulièrement crucial face au trio d’Auston Matthews. Le buteur de l’Arizona a dominé la possession contre le Canadien, peu importe le trio qu’il affrontait.
À cinq contre cinq, Matthews a eu le dessus 3-0 pour les buts face au tandem Nick Suzuki et Tyler Toffoli, 2-0 contre celui de Jesperi Kotkaniemi et de Josh Anderson et 3-0 contre les trios pilotés par Jake Evans, dont quelques fois en compagnie d’Artturi Lehkonen et de Paul Byron, ses partenaires probables pour amorcer la série.
Au total, lorsque l’imposant pivot des Leafs était sur la glace, Toronto a marqué 9 buts et en a accordé 2.
Les retrouvailles montréalaises
Il n’a pas été question, dans la démonstration ci-haut, de l’acclamée unité de Phillip Danault, Tomas Tatar et Brendan Gallagher. Comme l’affrontement Matthews-Danault servait moins bien l’argumentaire, il a été volontairement écarté…
Trêve de plaisanteries, pour cause de blessures surtout – les trois du Canadien ont tour à tour manqué de l’action – l’échantillon est mince. Que huit minutes à forces égales. Aucun des deux trios n’a trouvé le fond du filet pendant cette période.
Ça va être un peu comme l’an passé contre [Sidney] Crosby et [Evgeni] Malkin. Des gros joueurs de hockey dynamiques avec beaucoup d’intensité et d’exécution. Ça va être important de garder la rondelle le plus longtemps possible. C’est une équipe qui excelle avec la rondelle. Ça va être un défi énorme
, a lancé le centre après l’entraînement dimanche, confirmant ainsi nos points d’analyse, ce dont il peut se considérer comme remercié.
Cette unité est toutefois dominante à cinq contre cinq et n’a accordé que trois buts (18 à 3) en 253 minutes de jeu.
Dans la bulle à Toronto, Danault avait vu, à son avis, son rôle diminué jusqu’à devenir, toujours selon ses dires, exclusivement celui d’un centre aux tâches défensives. Il avait changé d’ailiers aussi pour se retrouver avec Paul Byron et Artturi Lehkonen. Or, même s’il amorçait un peu plus de présences en zone défensive, son mandat et son temps d’utilisation ne fléchissaient point.
Son rôle éteignoir a toujours été au cœur des succès du Canadien. Le Québécois a parlé de ses duels contre Crosby et Malkin en 2020, rappelant d’ailleurs que, malgré une vaste expérience dans la LNH, il ne jouit pas de la même en séries éliminatoires du haut de ses 16 matchs.
Cette fois, par contre, avec Tatar et Gallagher, le CH doit espérer que ces retrouvailles n’étouffent pas seulement l’adversaire, mais remplissent le filet adverse. Lourde commande.
Robustesse
Le Bleu-blanc-rouge est devenu une équipe robuste. L’on sait, l’affirmation frappe autant que les grosses épaules de ses joueurs. Tous n’étaient pas prêts à lire ça. Il n’en demeure pas moins que c’est bel et bien le cas.
Le Tricolore a donné 1585 mises en échec cette année pour une moyenne de 27,89 par match, un sommet dans toute la ligue. Toronto a terminé 27e dans cette catégorie à 17,77 en moyenne.
Les coups d’épaule pleuvaient dans les premiers matchs des séries jusqu’à présent. Il y en a eu 128 dans le seul premier duel entre le Wild et les Golden Knights.
À l’ouverture de la saison en janvier, Shea Weber et Ben Chiarot avaient molesté Matthews à un point tel que partisans et journalistes ontariens s’en plaignaient ouvertement sur les réseaux sociaux. Se plaignaient du laxisme des arbitres en fait.
Justement, pour ce qui est de pénaliser les doubles échecs et la rudesse excessive, les officiels ne sont pas réputés pour leur zèle dans les séries. Aux Leafs de ne pas s’en laisser imposer.
Avantage devant le filet
Depuis les séries de 2014, où le CH a été freiné net dans son élan en demi-finales lorsque Carey Price s’est blessé, le gardien vedette affiche des statistiques spectaculaires dans le tournoi éliminatoire.
Au cours de cette période, parmi les gardiens qui ont disputé au moins 20 matchs, Price a maintenu le troisième taux d’efficacité (,926), la quatrième moyenne (2,10), mais seulement le 12e total de victoires (21) bien qu’il ait remporté quatre tours éliminatoires.
Depuis son arrivée avec les Leafs, Frederik Andersen a été éliminé quatre fois d’affilée au premier tour et n’a gagné que 10 de ses 25 départs. Sa moyenne (2,78) et son taux d'efficacité (,916), sans être catastrophique, ne sont pas à la hauteur du numéro 31 montréalais.
Cela dit, Jack Campbell sera l’homme de confiance de Sheldon Keefe au premier match jeudi. Le portier de 29 ans en sera à ses premières armes dans ce contexte. Avantage Canadien.
Les Leafs le nez devant
Au bout du compte, le Tricolore donne l’impression d’une vieille charrette qui arrive à bon port à coups de cahots par-ci, cahots par-là. Un véhicule encore en un morceau, mais on se demande furieusement comment se fait-il qu’il tienne encore debout.
Cinq défaites d’affilée pour conclure la saison. Dernière équipe qualifiée avec, et de loin, le pire différentiel de buts marqués cette saison parmi les 16 prétendantes à -9.
Une équipe qui se classe dans la moyenne pour les buts à forces égales, mais qui se mesure à la deuxième puissance à ce chapitre. Une équipe qui manque de talent de pointe à l’attaque et mise sur sa profondeur mise à mal depuis quatre mois et dont les vedettes, contrairement à celles des Leafs, vieillissent et entretiennent, malgré elles, le mystère quant à leur niveau de jeu actuel.
Une équipe capable de bien mieux que ce qu’elle a offert pour toutes les raisons mentionnées ci-haut. La pression ne sera pas toute sur Toronto; le CH aussi doit gagner. Des postes sont probablement en jeu.
Un affrontement très serré et émotivement chargé en perspective.
Bref, plus de 1200 mots pour décrire quelles lacunes le Tricolore doit exploiter pour faire plier son illustre rival. Mille deux cents mots qui n’en auront pas nécessairement convaincu plusieurs. Pas même l’auteur de ces lignes.
Toronto en 7.
Analyse Les clés de l'affrontement Canadien-Maple Leafs - Radio-Canada.ca
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