La belle épopée d’Équipe Québec jusqu’en séries éliminatoires s’est arrêtée dimanche, dans l’ultime match de la demi-finale de la Ligue Frontier. Une défaite qui sonne le glas d’une saison de baseball atypique, qui aura été marquée par une poussée inattendue jusqu’en séries éliminatoires.
Menés par le brio de leur artilleur Rob Whalen, les Wild Things de Washington se sont imposés 4 à 0 dans la cinquième rencontre de la série.
Whalen, un ancien du baseball majeur – il a pris part à huit matchs avec les Braves d’Atlanta et les Mariners de Seattle – a muselé les frappeurs d’Équipe Québec pendant huit manches, se rendant coupable de seulement cinq coups sûrs et d’aucun but sur balles.
Le droitier a réalisé un impressionnant total de 11 retraits sur des prises, ne laissant que des miettes au cœur de la formation du « Fleurdelysé ».
Équipe Québec a ainsi bousillé une avance de 2 à 1 dans la série, elle qui avait déjà gaspillé samedi, à Trois-Rivières, sa première chance de fermer les livres et d’avancer en finale contre les Boomers de Schaumburg.
« On s’attendait à ce qu’il se présente. Avec son curriculum vitae, quand ils l’ont signé, c’est pas mal devenu le meilleur lanceur de la ligue », a commenté le gérant Patrick Scalabrini au sujet de Whalen, qui avait connu une première sortie ardue dans la série.
Fin amère
C’est donc la fin amère d’une saison qui a pris une tournure inattendue le 31 juillet, lors du retour de l’équipe de Scalabrini au Québec.
Après deux mois difficiles passés aux États-Unis, à vivre à l’hôtel et à se promener de ville en ville en autobus, les joueurs d’Équipe Québec ont connu entre le 15 et le 26 août une séquence inattendue de 11 victoires, au cours desquelles ils ont inscrit 111 points.
La formation québécoise – formée notamment de joueurs des Capitales de Québec et des Aigles de Trois-Rivières – a ainsi amorcé sa poussée au classement de la section Atlantique.
Une remontée qui s’est conclue par une qualification en séries éliminatoires lors du dernier match de la campagne, grâce à une victoire à l’étranger face aux Miners du Sussex.
Les visages étaient longs, les yeux humides, au banc des perdants quelques minutes après la défaite. Équipe Québec, devenue une famille au cours des derniers mois, y a cru jusqu’au bout.
« On ne croyait même pas se qualifier pour les séries, a reconnu avec émotions Scalabrini. On va prendre le temps d’avaler la défaite, mais malgré le résultat [dimanche soir], c’est incroyable ce qu’on a réussi. »
À court de miracles
Le partant d’Équipe Québec, Codie Paiva, était de retour au monticule après une courte pause de quatre jours. L’artilleur américain a vu sa soirée de travail se terminer en quatrième manche, après qu’il eut donné quatre points.
Mais au-delà des problèmes du droitier, Louis-Philippe Pelletier a souligné, après le revers, les ennuis au bâton des meilleurs cogneurs de l’équipe, y compris les siens. Le voltigeur a d’ailleurs cru qu’il avait amorcé la remontée des siens en huitième manche, quand avec deux coéquipiers sur les sentiers, sa frappe s’est rendue loin au champ centre.
« La balle de Whalen était pas mal invisible [dimanche soir], a analysé Pelletier, les yeux dans l’eau. À ma dernière présence, j’ai cru que ça y était, que la balle tombait. Ç’aurait été 4 à 2 avec deux retraits. Mais bon, j’imagine que c’est ça, le baseball. »
Hormis la huitième manche, au cours de laquelle Jonathan Lacroix et Jesse Hodges se sont rendus sur les coussins, Équipe Québec a aussi tenté une poussée en sixième. Les efforts de Hodges et de Pelletier sont toutefois restés vains, malgré les acclamations des quelque 1850 personnes qui s’étaient procuré des billets dans les dernières heures pour assister à ce match décisif (voir autre texte en page 69).
Le dénouement inespéré d’une saison stressante
« Inespéré. » C’est le mot qu’utilisait dimanche Michel Laplante pour décrire le fait de tenir un cinquième match au Stade Canac, peu importe l’issue de la rencontre.
Parce qu’elle a été stressante, cette saison 2021.
Même quand les incertitudes entourant le retour à la maison ont été chassées, le président des Capitales de Québec et toute son équipe n’étaient pas au bout de leur peine.
Depuis le 31 juillet, date du retour du club au Québec, chaque série à domicile contre une nouvelle équipe a été une épopée. Équipe Québec fournissait aux douaniers une liste des joueurs qui allaient traverser la frontière. Il fallait s’assurer que tous étaient doublement vaccinés.
« Chaque fois, on n’en dormait pas de la nuit, raconte Michel Laplante. On vendait des billets pour le match du jeudi, mais si le mercredi, nos adversaires ne passaient pas la douane à 2 h du matin, il n’y en avait pas, de rencontre. »
Pas convaincu pour l’avenir
Elle a été stressante du point de vue financier, aussi. Le président des Capitales reconnaît qu’il ne sait pas ce qui serait advenu de l’organisation s’il avait fallu annuler tous les matchs à domicile pour une deuxième année de suite.
« Je ne suis pas convaincu qu’on serait resté, dit-il. Je ne sais pas si on aurait pu garder le staff. Est-ce que des gens comme moi se seraient dit : “pas de baseball pour une deuxième année de suite, je vais faire autre chose de ma vie ?” »
« Le baseball serait sûrement revenu un jour à Québec, mais sous une autre forme. »
Michel Laplante affirme avoir mis plusieurs fois sa tête sur le billot au cours de la saison. Il fallait d’abord convaincre les propriétaires de l’équipe de la faisabilité du projet d’Équipe Québec, avant de le proposer au reste des formations de la Ligue Frontier.
De retour au québec
Puis, il fallait s’assurer que l’équipe serait bel et bien de retour au Québec à la fin du mois de juillet. Car dans le cas contraire, c’était tout le calendrier de la ligue qui allait être chamboulé.
Et rien n’était moins sûr. D’un côté, Laplante entendait que les frontières canadiennes ne seraient rouvertes qu’en septembre ; de l’autre, la fin juillet semblait totalement plausible.
« Sur tous les fronts, que ce soit face aux propriétaires, face à la ligue, face à Patrick [Scalabrini] et ses joueurs, je me suis placé dans une situation vulnérable, souligne l’homme de baseball. S’il avait fallu qu’il y ait un seul pépin moyen parmi tout ce qui pouvait arriver, je me serais fait demander pourquoi j’avais été game de faire ça alors que je n’étais pas sûr. »
Mais les dieux du baseball ont souri à Michel Laplante et à Équipe Québec. Rien n’est venu chambouler la tenue des 11 matchs au Stade Canac : ni la COVID-19 ni la pluie.
En attendant le retour à la normale – une saison de 48 matchs à domicile ainsi que des formations à Québec, Trois-Rivières et Ottawa –, le président se réjouit de voir une équipe excitante.
« Depuis quelques années, j’ai perdu un peu d’intérêt pour n’importe quelle forme de baseball parce que c’est une histoire de lanceurs et de circuits. Mais cette année, ce que je vois avec Patrick, avec l’équipe qu’il a sous la main, ça me fait triper. »
La triste fin d'une belle épopée - Le Journal de Québec
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