Le règne de Marc Bergevin n’aura pas produit de Coupe Stanley, mais il aura produit de bons coups… et de moins bons coups.
Les meilleurs coups
26 février 2016
Au hockey, et un peu partout, il n’y a pas de meilleure transaction que celle qui rapporte gros en retour d’absolument rien. Ce fut le cas ici. Ce jour-là, Marc Bergevin a tellement volé les Blackhawks de Chicago qu’il aurait dû être embarqué dans une camionnette de police les mains dans le dos. Ainsi, il a cédé aux Hawks deux joueurs en fin de carrière (nous sommes polis), Dale Weise et Tomas Fleischmann, en retour d’un jeune attaquant du nom de Phillip Danault, et d’un choix de deuxième tour en 2018, qui est devenu Alexander Romanov. C’est ce qu’on appelle un coup de génie : ne rien donner pour obtenir de la qualité en retour. Les deux joueurs cédés aux Hawks n’ont absolument rien fait de bon, alors que Danault est devenu le premier centre du Canadien, et le joueur le plus important des séries de 2021 après Carey Price.
2 mars 2015
Même principe ici : obtenir quelque chose en retour de rien, ou presque. Ce fut encore le cas dans le cadre de cette transaction avec les Oilers d’Edmonton. Le défenseur Jeff Petry fut obtenu en retour d’un choix de deuxième tour en 2015 et d’un choix de quatrième tour en 2015. Pour les Oilers, le choix de quatrième tour est devenu un autre défenseur, Caleb Jones, qui a été échangé aux Blackhawks de Chicago en juillet 2021. Bien sûr, Petry en arrache cette saison, comme toute l’équipe d’ailleurs, mais il ne faudrait pas oublier ses superbes séries de 2021, et aussi les sept saisons précédentes, où il a offert du hockey de très grande qualité à la ligne bleue montréalaise.
10 septembre 2018
Ce n’est jamais facile d’échanger un joueur qui souhaite partir. Tous les autres DG de la ligue le savent, et échanger un tel joueur en position de faiblesse mène souvent à de mauvaises transactions. Mais Bergevin a réussi ce tour de magie en sortant un Max Pacioretty mécontent de Montréal pour l’envoyer à Vegas en retour du premier choix des Golden Knights au repêchage de 2017. Ce n’était pas un secret que Pacioretty voulait partir, et on se demande encore pourquoi les Golden Knights ont fait cadeau de Nick Suzuki, en plus de laisser aller Tomas Tatar, qui a tout de même offert une saison de 61 points au Canadien en 2019-2020.
29 juin 2016
Ce ne fut pas un vol en tant que tel ; pendant que Shea Weber s’amenait ici pour devenir un pilier à la défense, P. K. Subban s’en allait à Nashville pour mener les Predators à une présence en finale, en plus de leur donner des saisons de 40 et 59 points. Mais Subban n’a duré que le temps de trois saisons à Nashville avant d’être échangé aux Devils du New Jersey. Pendant ce temps, Weber devenait le capitaine du club et aussi l’un des leaders de la formation montréalaise.
1er juillet 2016
En coulisses, on chuchotait qu’une vingtaine de clubs avaient démontré de l’intérêt pour Alexander Radulov. Mais au bout du compte, c’est à Montréal que l’attaquant russe a choisi de venir poursuivre sa carrière. On ne sait trop ce que Bergevin lui a dit pour le convaincre, mais trop souvent, le Canadien n’a pas l’habitude de gagner ce genre de derby pour un joueur convoité. Bergevin est sorti vainqueur cette fois-là, et Radulov l’a remercié avec une saison de 54 points.
Les pires coups
23 juillet 2021
Marc Bergevin croyait bien avoir réussi un vol en repêchant Logan Mailloux avec son choix de premier tour. Évidemment, le jeune défenseur n’a toujours pas donné un seul coup de patin dans la LNH, et d’un point de vue strictement hockey, on pourra juger de cette décision dans une dizaine d’années. Mais pour l’image du club, cette décision a été un désastre, et les bons sentiments récoltés par le club lors des séries magiques de 2021 ont tous pris le bord en quelques minutes à la suite de cette décision controversée. Cette décision n’est certes pas étrangère à la présente situation ; on a raconté en coulisses qu’à l’interne, le choix de Mailloux était loin de faire l’unanimité. Le divorce entre Bergevin et le propriétaire Geoff Molson s’est probablement amorcé à partir de cette date.
27 juin 2016
À cette date, on a vu le pire défaut de Marc Bergevin éclater au grand jour : tomber amoureux des joueurs de soutien. Peut-être parce que Bergevin lui-même a été un joueur de soutien dans cette ligue, on ne sait trop, mais il a souvent démontré des élans de générosité inexplicables à l’endroit de ce genre de joueur. Le cas d’Andrew Shaw en est un excellent exemple : donner à ce joueur déjà ralenti par les blessures un généreux contrat de six ans pour 23,4 millions de dollars, c’était de la pure folie. Petit détail : l’un des choix obtenus par Chicago lors de l’échange de Shaw au Canadien s’est transformé en Alex DeBrincat, qui a déjà des saisons de 41 et 32 buts derrière la cravate.
15 juin 2017
Il y a des échanges qui paraissent bien sur le coup. Celui-ci en est un. Jonathan Drouin avait des allures d’attaquant de premier plan, et aussi un talent indéniable. Ça tombait sous le sens. En fait, Jonathan Drouin demeure un attaquant de grand talent. Mais il y a deux problèmes avec ceci : Drouin n’est toujours pas devenu le joueur d’impact désiré, et le gars qui a pris la direction de Tampa Bay dans cette transaction, Mikhail Sergachev, est devenu un défenseur de premier plan pour le Lightning, capable de relancer l’attaque. C’est en plein ce genre de défenseur qui manque cruellement au Canadien…
28 juillet 2021
Ce jour-là, les Kings ont embauché Phillip Danault. Autant l’acquisition de Danault a été un coup de génie, autant cette stratégie de compter les sous cinq ans plus tard lors de trop brèves négos a été un désastre total. Sans Danault, il y a eu un effet domino dans la formation du Canadien, et de jeunes joueurs de centre se sont retrouvés avec des rôles qu’ils n’étaient pas prêts à assumer. Il est arrivé à Marc Bergevin de se comporter en partisan à quelques occasions, et ce fut certes le cas ici : pourquoi donner tant d’argent à un gars qui ne « score » pas ? Réponse : parce qu’il le fallait.
L’été 2017, en gros
L’été 2021 commence à ressembler à l’été 2017, et ça, ce n’est pas une bonne chose. Dans les deux cas, Bergevin a tenté de combler des départs importants en colmatant des brèches avec des diachylons. Ce genre d’approche donne rarement de bons résultats. À l’été 2017, par exemple, les départs de Radulov et d’Andrei Markov ont été comblés par des Mark Streit, des Ales Hemsky et des Karl Alzner. C’est la formule idéale pour rater les séries. C’est en plein ce qui est arrivé en 2017-2018, comme c’est en plein ce qui arrivera en 2021-2022.
Les bons et moins bons coups de Marc Bergevin - La Presse
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