MONTRÉAL – En 2019, Sarah Bujold devait débarquer à Montréal pour s'aligner avec les Canadiennes. Les déboires de la Ligue canadienne de hockey féminin et la disparition soudaine de l'équipe l'ont forcée à changer ses plans.
« Ça fait drôle de me retrouver ici », disait-elle en balayant du regard les gradins déserts de l'Auditorium de Verdun la semaine dernière. À 27 ans, la Néo-Brunswickoise revient boucler la boucle après un exil de trois ans en Suède et une saison passée au sein de la défunte Premier Hockey Federation (PHF).
Son départ s'était organisé sur le coin d'une table. Quelques courriels envoyés comme autant de bouteilles à la mer, sans trop savoir ce qui en découlerait. Elle avait ciblé le club de Djurgårdens, à Stockholm, parce que l'entraîneuse Alana Blahoski avait joué pour l'équipe nationale américaine et pourrait communiquer avec elle en anglais.
« Je crois qu'elle a vu mes stats et m'a répondu : "ouais, on te veut" », suggère l'attaquante.
Ces chiffres étaient ceux que Bujold avait accumulés en cinq saisons à l'Université St. Francis Xavier en Nouvelle-Écosse. Ils méritaient effectivement qu'on s'y attarde. Elle avait totalisé 113 points en 121 parties, mais 94 à ses 73 dernières. Sa troisième saison a été sa plus spectaculaire alors qu'elle a amassé 43 points, dont 24 buts, en 24 matchs.
Dans son ensemble, ce rythme de production s'est avéré être un bon indicateur de ce qu'elle pourrait accomplir en Suède. Elle a terminé au deuxième rang des compteuses de son équipe à chacune de ses deux saisons dans la capitale, puis a déménagé à Linköping pour rejoindre le HV71. Elle a été sa meilleure attaquante avec 34 points en 29 matchs.
En 2022, Bujold est revenue en Amérique du Nord en signant un contrat avec les Metropolitan Riveters, une équipe de la PHF basée au New Jersey. « Je sentais que c'était le temps de revenir, que j'avais poussé ma progression au maximum en Europe. La PHF se portait bien, des amies m'en avaient parlé positivement, on me disait qu'il s'y jouait du hockey rapide. Je pensais que c'était la décision à prendre pour moi à l'époque. »
Elle s'est démarquée avec 20 points en 23 matchs, un rendement bon pour le top-15 de la ligue. Elle avait un nouveau contrat en vue de la prochaine saison, mais ses plans de stabilité sont partis au vent avec la dissolution de la PHF. Comme plusieurs de ses consoeurs, elle a traversé une période de choc, d'inquiétude, de confusion. Pour elle, tout ça s'est amplifié quand elle a été ignoré au repêchage de la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) en septembre.
« Mon agent et moi, on pensait assurément que je serais repêchée, ne serait-ce que dans les dernières rondes. J'ai toujours affiché des bons chiffres, été parmi les meilleures de mon équipe depuis six ans. Je suis une joueuse de centre qui excelle des deux côtés de la patinoire. Alors oui, c'était décevant. J'ai eu besoin de quelques jours pour digérer ça. Mais dès l'ouverture du marché des joueuses autonomes, j'ai reçu de l'intérêt de plusieurs équipes. Ça m'a ramené dans de meilleures dispositions. »
La native de Riverview, près de Moncton, dit avoir choisi l'invitation au camp de Montréal entre autres pour la proximité avec la maison. Le projet sportif l'a aussi séduite. « En parlant avec Danièle [Sauvageau] et l'entraîneuse Kori [Cheverie], j'ai vraiment senti qu'elles accordaient de la valeur à mes habiletés et qu'elles me voulaient vraiment dans l'équipe. »
On peut aussi soupçonner que les discussions préliminaires avec l'équipe montréalaise mentionnaient d'attrayantes garanties. La mise sous contrat de Bujold a été annoncée le 15 novembre, soit quelques jours avant son premier entraînement sur glace avec sa nouvelle équipe. En date d'aujourd'hui, elle est l'une des huit attaquantes montréalaises dont l'embauche a été confirmée par la LPHF.
Avec son style axé sur la vitesse et le jeu physique, celle qu'on décrit comme une attaquante de puissance pourrait être une acquisition payante pour Montréal.
LPHF Montréal : la longue boucle de Sarah Bujold - RDS
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