Les intrigues autour du Canadien me font de plus en plus penser à la populaire télésérie Game of Thrones. Les meurtres en moins.
D’une part, des hordes de partisans frustrés, insatisfaits et avides de trophées, réclament que des têtes roulent. De l’autre, dans la capitale, le roi Patrick — ex-entraîneur de l’année, gagnant de quatre Coupes Stanley — vient d’embaucher un agent pour préparer son grand retour dans la Ligue nationale. Peut-être même à Montréal. Entre les deux ? Les troupes du Canadien sont épuisées.
Jonathan Drouin est malade. Carey Price, Brendan Gallagher et Paul Byron sont blessés. Claude Julien et Stéphane Waite sont partis. Le DG Marc Bergevin a acquis des renforts (Eric Staal, Jon Merrill, Erik Gustafsson), mais pour le moment, ça fait peu bouger l’aiguille. L’entraîneur-chef Dominique Ducharme semble parfois à court de solutions.
C’est assez évident que pour gagner, le Canadien aura besoin d’aide.
Quel genre d’aide ?
Genre… un dragon.
Un joueur capable d’allumer l’attaque. De raviver la flamme. De faire des ravages en territoire adverse. Car depuis un mois, le Tricolore n’effraie personne. Tenez, à ce sujet, une devinette. Qu’ont en commun les joueurs suivants ?
– Jesperi Kotkaniemi
– Phillip Danault
– Jonathan Drouin
– Paul Byron
– Corey Perry
– Jake Evans
– Shea Weber
– Jeff Petry
– Ben Chiarot
– Joel Edmundson
– Alexander Romanov
Réponse : leur nombre de buts dans les neuf derniers matchs, avant celui de lundi soir.
Zéro.
Leur poids sur la masse salariale ?
Environ 35 millions.
Cela explique les déboires récents du Canadien. Le capitaine Shea Weber a mis fin à sa léthargie, lundi, en inscrivant un but à cinq contre trois. C’était son premier but depuis 22 parties. Et seulement le deuxième but par un défenseur du Canadien en avril. Une production inacceptable. L’autre but ? Il fut l’œuvre de Brett Kulak — qui ne joue même plus.
C’est dans ce contexte de profonde langueur que Cole Caufield s’est amené en renfort, lundi soir. Le jeune ailier de 20 ans était bien flanqué. À la droite de Phillip Danault et Tomas Tatar.
Comment ça s’est passé ?
Très bien. Caufield a fait exactement ce qu’on attendait de lui. Il a produit des chances de marquer.
D’abord, il a tiré au filet. Souvent. Quatre fois. Un sommet chez le Canadien. Parfois d’angles restreints, avec des chances très minces de réussite. Mais ça faisait partie de sa stratégie, a-t-il assuré après la rencontre.
« Quand je le peux, je lance, et je souhaite que quelque chose se passe », a-t-il expliqué.
Autre bonne nouvelle : son trio a passé la majorité de la partie en territoire adverse. À forces égales, Caufield était sur la glace pour huit tirs des siens, contre trois des Flames. Un excellent ratio pour tout joueur — et encore plus pour un débutant.
Dominique Ducharme lui a aussi fait confiance en zone défensive. À forces égales, Caufield s’est retrouvé sur la patinoire pour quatre mises en jeu dans sa zone. C’est un indice que le Canadien le trouve fiable dans les trois zones, ce qui n’a pas été le cas avec tous les jeunes joueurs ces dernières années. Ça m’a agréablement surpris.
Sa petite taille ?
Honnêtement, ça n’a pas été un facteur.
Vous me soulignerez que Cole Caufield n’a pas marqué. C’est vrai. Qu’un match ne fait pas une carrière. C’est aussi vrai. Mais ne boudez pas votre plaisir pour autant. Sa première audition permet d’envisager l’avenir avec enthousiasme. C’est un joueur vif, impliqué et énergique. Il ne sera probablement pas dominant à court terme. Mais il ne nuira pas à l’équipe en restant passif sans la rondelle, non plus.
« J’ai aimé ce que Cole a fait, a indiqué Dominique Ducharme après le match. Je pense qu’il a été solide. […] Il a joué de la bonne façon, avec acharnement [hard]. »
Enfin, une petite mise en garde pour le reste de la saison.
Dans Game of Thrones, les dragons sont très utiles. Ils jouent un rôle crucial dans les grandes batailles. Sauf qu’ils ne font pas tout le travail, tout seuls. Tout comme Cole Caufield, aussi bon soit-il, n’est pas le remède à tous les maux du Canadien.
Pour gagner, le Tricolore aura besoin de la collaboration, de l’engagement et de l’effort maximal de toutes ses troupes. Les gardiens. Les défenseurs. Les ailiers. Les centres. Les jeunes. Les vétérans. Ceux qui sont sous contrat à long terme. Les futurs joueurs autonomes. Et tous devraient noter cette phrase de Sansa Stark, un des personnages principaux de la série : « Le loup solitaire meurt, mais la meute survit. »
Puis, Cole Caufield ? | La Presse - La Presse
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