Le Canadien a annoncé vendredi que Phillip Danault rentre à Montréal afin d’y subir des examens approfondis.
Danault souffre d’une blessure au haut du corps, qui l’a forcé à quitter le match de jeudi en milieu de première période. Aucun autre détail n’est connu sur la nature de sa blessure.
Pour l’heure, l’équipe confirme seulement qu’il ratera la rencontre de samedi.
« On ne pense pas que ça peut être à long terme, mais on va voir, il y a encore des choses à faire », avait dit l’entraîneur-chef du Tricolore, Dominique Ducharme, jeudi soir. L’entraîneur avait aussi dit que Danault traînait la blessure depuis un certain temps.
De nouveaux arguments ?
En attendant d’en savoir plus, la situation sera intéressante à suivre, car le dossier Danault a été un des plus intrigants de la dernière saison morte. Et comme ce dossier n’est toujours pas réglé, il alimentera les conversations cet été.
L’avenir de Danault à Montréal dépendra de plusieurs facteurs, et l’un d’eux est qu’on ne sait pas à quoi ressemblerait le Canadien sans lui. C’est un élément essentiel, car on reconnaît la valeur de certains joueurs à la façon dont l’équipe se comporte sans eux.
Prenez Brendan Gallagher. Marc Bergevin doit se frotter les mains d’avoir déjà renouvelé son contrat, car à voir aller le Canadien sans lui ce dernier mois, c’est à se demander si son apport n’est pas encore sous-estimé.
On peut même ajouter le cas Carey Price, pas récemment, mais il y a quelques années, justement à l’approche de sa négociation contractuelle. Le 2 juillet 2017, le Canadien s’entendait avec Price sur un contrat 8 ans et 84 millions de dollars. Cette entente est critiquée par plusieurs, mais il faut se rappeler que Price négociait en position de force.
– L’importance de Price a été soulignée à gros traits quand l’équipe s’est écroulée en son absence en 2015-2016 ;
– pendant quatre saisons de suite, il s’était maintenu parmi l’élite à sa position ;
– le meilleur espoir de l’organisation devant le filet était Charlie Lindgren, un gardien relativement petit (6 pi 1) et jamais repêché.
Ce qui nous ramène à Danault et à ses négociations. Tout porte à croire qu’elles sont au point mort. Des informations avaient filtré l’automne dernier et en début de saison, mais c’est le calme plat depuis. Il y a également lieu de croire qu’il est préférable d’attendre à la saison morte quand les négociations sont aussi corsées.
En attendant la reprise des pourparlers, Danault peut néanmoins faire avancer sa cause. Allons-y justement avec les trois points évoqués plus haut pour Price, et voyons comment ils s’appliquent au numéro 24 du CH.
La vie sans Danault
C’est le bout que l’on connaîtra dans les prochains jours.
Sa dernière absence remonte au 19 février 2019, et c’était le seul match qu’il a manqué cette saison-là. Pour sa dernière absence à long terme, il faut remonter à 2017-2018. Nick Suzuki n’a donc jamais encore joué un seul match sans que Danault soit là pour affronter le premier trio adverse.
Son absence engendrera un nouveau partage des responsabilités, pour la simple et bonne raison que sa mission première est de jouer contre le meilleur trio adverse. Il est aussi le centre le plus utilisé en désavantage numérique (2 min 17 s par match), devant Jake Evans (1 : 51) et Suzuki (0 : 45).
« S’il ne joue pas, les autres centres devront se lever, a admis Suzuki, qui avait rencontré les médias l’annonce du retour à Montréal de Danault. C’est un gros trou s’il n’est pas là. Il amène des tonnes d’énergie, il est bon à 5 contre 5. Il fait tout ce qu’on lui demande. S’il est absent, on devra neutraliser les autres centres. »
L’utilisation de Suzuki sera à surveiller. Le jeune centre dit admirer Patrice Bergeron pour son efficacité dans toutes les phases du jeu. Mais Suzuki est aussi le centre le plus doué offensivement de l’équipe, et lui ajouter une lourde mission défensive pourrait compromettre sa production. À cet effet, notons que lors du 3 contre 5 en fin de match jeudi, Evans et Artturi Lehkonen ont été tour à tour délégués par Ducharme. Pas Suzuki.
Sa place dans la LNH
Évidemment, Danault n’a pas atteint, à sa position, le niveau d’excellence que Price a atteint lors de la période 2013-2017.
Cela dit, son efficacité sur la patinoire a été maintes fois démontrée. Ces derniers mois, les paroles de Nathan MacKinnon et Auston Matthews en ont dit plus que ce que tout graphique savant peut illustrer.
« C’est probablement le gars que j’aime le moins affronter », avait dit de lui MacKinnon, au balado Spittin’Chiclets. L’attaquant de l’Avalanche avait ajouté que Danault était « un joueur sous-estimé. Il n’est pas seulement bon contre moi, mais contre tout le monde. »
Matthews, lui, a été interrogé par un confrère torontois après un match contre Montréal la semaine dernière. Lui aussi l’a décrit comme « sous-estimé parmi les centres capables de jouer dans les deux sens du jeu ».
En chiffres, maintenant. Depuis octobre 2018, le Canadien a marqué 154 buts à 5 contre 5 quand Danault est sur la patinoire, et en a accordé 112. Ce ratio de 57,9 % des buts marqués place le Québécois au 18e rang parmi les 139 centres qui ont joué 2000 minutes, selon Natural Stat Trick.
Pour les points à 5 contre 5, il vient au 23e rang de cette même liste avec 101.
La relève
C’est la question qui tue. Si le Canadien avait l’assurance d’avoir des jeunes capables de faire son travail, à quoi bon verser un gros salaire à long terme à un joueur de 28 ans ? Surtout pour une équipe serrée sous le plafond, notamment en raison du contrat mentionné plus haut.
À vue de nez, la relève est meilleure que ce que le Canadien avait derrière Price en 2017. Nick Suzuki a haussé sa production cette saison (0,72 point par match, contre 0,58 l’an dernier) et son temps d’utilisation a augmenté de deux minutes par match.
Par contre, Jesperi Kotkaniemi ne progresse pas comme prévu et d’autres joueurs de son année de repêchage sont plus productifs que lui. Mais il n’a encore que 20 ans, malgré ses 168 matchs au compteur. Evans montre de belles qualités, mais il aura 25 ans dans un mois. La bouchée semble grosse pour qu’il grimpe aux commandes d’un troisième trio.
On arrive ensuite à Ryan Poehling, 22 ans, qui vient de terminer sa deuxième année chez les professionnels. Sa production a été intéressante à Laval (25 points en 28 matchs), mais sa saison est terminée. Sa dernière présence dans la LNH date du 4 février 2020, et sa prochaine ne viendra pas avant octobre 2021.
Bref, à moins d’aller chercher de l’aide de l’extérieur, on voit mal comment le Canadien pourrait se passer de Danault sans tout miser sur les jeunes. Le ralentissement économique attribuable à la pandémie n’aide pas les futurs joueurs autonomes, mais Danault semble néanmoins en position de force avec le Canadien. Reste à voir ce qui adviendra en son absence.
Qu’en est-il de Shea Weber ?
Le Canadien a par ailleurs offert une mise à jour sur les autres éclopés. On y confirme donc que Brendan Gallagher (pouce) et Carey Price (commotion cérébrale) ont bel et bien repris l’entraînement sur glace à Brossard. Price « continue de suivre le protocole de retour au jeu », écrit-on, tandis que Gallagher progresse « dans les temps estimés par l’équipe médicale, en lien avec l’échéancier de six semaines annoncé le 7 avril ». Quant à Shea Weber (haut du corps), on se contente d’écrire que sa condition est évaluée « au jour le jour », sans préciser s’il continue l’entraînement sur glace. Weber avait été aperçu sur la patinoire à Brossard ces derniers jours. Il a raté les cinq derniers matchs du Tricolore. Enfin, Paul Byron (bas du corps) est évalué « sur une base quotidienne et son programme de conditionnement à Brossard progresse ». Le rapide ailier n’a pas joué depuis le 23 avril.
Blessé contre les Maple Leafs | Phillip Danault rentre à Montréal - La Presse
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