Par l’entremise de sa filiale Bell, le géant canadien des télécoms, BCE, vient de mettre le grappin sur le promoteur montréalais du Grand Prix de Formule 1 du Canada, à savoir le Groupe de course Octane, de François Dumontier.
C’est un coup magistral de la part de BCE et voici pourquoi.
- Le Grand Prix du Canada est l’événement sportif et touristique annuel le plus important au pays.
- BCE peut compter sur la pérennité du Grand Prix jusqu’en 2031, et ce, grâce à l’annonce mercredi passé de l’entente financière renouvelée pour deux années additionnelles entre nos gouvernements (Ottawa, Québec) et la Formula One Group Championship de la multinationale américaine Liberty Media.
- BCE devient le principal bénéficiaire d’un événement international dont les droits de présentation au Canada (allant de 18 à 26 millions $ l’an) sont entièrement financés par les trois paliers de gouvernement : Ottawa, Québec et Montréal.
- BCE profite également du fait que les gouvernements de Justin Trudeau et de François Legault ont également annoncé cette semaine qu’ils allaient investir 5,5 millions de dollars dans la promotion de Montréal et du Québec auprès des amateurs de Formule 1 dans le but de ramener les touristes dans la métropole.
- En tant que nouveau propriétaire de Groupe de course Octane, c’est BCE qui va largement bénéficier de cette campagne de promotion puisqu’une grande portion des recettes au guichet du Grand Prix du Canada vont aller dans ses poches.
- C’est financièrement d’autant prometteur pour BCE qu’il se retrouve avec un circuit Gilles-Villeneuve complètement revampé avec des nouveaux paddocks dont la facture (68 millions $) a été payée par Montréal et Québec.
- Détenant déjà depuis longtemps les droits de diffusion des courses de F1 pour ses réseaux de sports, RDS et TSN, BCE pourra consolider davantage sa force de frappe sportive en devenant l’organisateur en chef du Grand Prix du Canada.
DUMONTIER SAUVE LES MEUBLES
Bien qu’il cède son entreprise (Groupe de course Octane) à BCE, le promoteur François Dumontier conserve « heureusement » son emploi à titre d’organisateur en chef des prochains Grands Prix du Canada sur le circuit Gilles-Villeneuve.
Avec l’annulation des éditions de 2020 et 2021 du Grand Prix à cause de la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19, Dumontier vient de traverser deux années extrêmement difficiles sur le plan financier. Il faut savoir que le gros de ses revenus à titre d’organisateur du Grand Prix provient des recettes au guichet.
Pas de Grand Prix, pas de revenus. La misère noire... ou presque. C’est ce qui explique sans doute pourquoi des amateurs attendaient toujours de se faire rembourser les billets achetés pour l’édition de 2020.
BCE EN CHIFFRES
Pas de doute que BCE a les moyens de ses ambitions en mettant la main sur le Grand Prix de Formule 1 montréalais.
En 2020, année où la grande pandémie a éclaté, BCE a réalisé un chiffre d’affaires de 22,8 milliards $. Bénéfice net : 2,5 milliards de dollars.
Sa capitalisation boursière s’élève actuellement à 52,6 milliards $.
BCE est le chef de file au Canada dans les télécommunications, étant propriétaire de trois grosses filiales : Bell Canada (services sur fil), Bell Mobilité (services sans fil) et Bell Média.
Bell Média chapeaute 35 stations de télé généralistes (dont CTV et Noovo), 27 chaînes spécialisées (dont les chaînes sportives RDS et TSN), 4 stations payantes (Crave, HBO Canada), 109 stations de radio, 200 sites web, etc.
OMBRE AU TABLEAU
Comme on peut le constater, l’acquisition de Groupe de course Octane ne représente qu’une « pinotte » dans le groupe BCE.
Mais une « pinotte » qui va lui permettre d’obtenir un extraordinaire rayonnement médiatique grâce au Grand Prix de Formule 1 du Canada qu’on lui offre sur un véritable plateau d’argent alors que ce sont Québec, Ottawa et Montréal qui absorbent les coûts.
Question : lors de l’annonce, mercredi dernier, de la prolongation de l’entente de prolongation du Grand Prix jusqu’en 2031, pourquoi le ministre responsable du dossier au gouvernement Legault, Pierre Fitzgibbon, n’a-t-il pas révélé qu’il était au courant des négociations d’achat de Groupe de course Octane par BCE ?
Avait-il peur de se faire accuser de favoritisme envers BCE qui allait mettre la main sur le plus gros événement touristique et sportif à se tenir au Canada annuellement, tout en étant entièrement financé par l’argent des contribuables ?
Le Grand Prix offert sur un plateau d'argent à Bell - Le Journal de Montréal
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