Deux éléments ont permis au Canadien de décrocher une autre victoire en prolongation samedi soir et ainsi forcer la tenue d’un septième match contre les Maple Leafs lundi. Ils sont à la fois diamétralement opposés et étrangement complémentaires.
Le Centre Bell en tremblait presque. Ce n’est pas une figure de style. Il y avait une telle clameur juste avant l’échauffement quand 2500 spectateurs, à l’unisson (à l’exception de quelques gilets blanc et bleu épars dans la foule), ont laissé libre cours à leur joie de retrouver leur équipe, 14 mois après le début de cette pandémie.
Les joueurs qui patientaient alors dans le vestiaire en ont eu des frissons. C’est Shea Weber qui l’a dit.
Ça sonnait tellement plus que 2500 personnes, je ne peux même pas m’imaginer ce que 21 000 personnes feraient en ce moment
, a laissé tomber le capitaine après avoir fait une petite boutade, signe d’une détente inhabituelle chez le monsieur.
Voir les gens dans les estrades avec leurs serviettes blanches, on a attendu ça toute l’année. Surtout les nouveaux, on leur en parlait tout le temps. C’était spécial
Le CH a amorcé le match en lion planant sur l’amour des partisans qui leur avait tant manqué. Après quelques minutes, le Canadien avait tiré huit fois sur le gardien Jack Campbell tandis que les Leafs étaient toujours blanchis à ce chapitre.
Même après la punition à Josh Anderson, Montréal agaçait l’adversaire au point où il s’est offert deux menaces sérieuses avec un homme en moins, d’abord Jake Evans, suivi d’un plomb de Shea Weber.
Mais les Leafs ont réussi leur mission, traversé la tempête sans rien accorder, pas d’avaries, pas de dégâts, et ont su redresser la barre à mi-chemin du premier engagement. Ce sera tout pour l’analogie nautique.
Tranquillement le match s’est équilibré. La passion y était. La qualité du jeu aussi. Les chances de marquer ont abondé de part et d’autre; les gardiens sont demeurés intraitables. Ou presque.
Ils ont flanché deux fois chacun en troisième période. C’est en prolongation que le meneur d’hommes du Tricolore s’est à nouveau révélé.
Nick Suzuki l’a qualifié de roc
il y a quelques jours. Shea Weber, samedi, a parlé de colonne vertébrale
. Kotkaniemi a ajouté qu’il lui avait sauvé les fesses quelques fois
, en référence à quelques revirements et couvertures défensives ratées par le jeune homme.
Vous l’aurez compris, le roc, ici, n’est pas celui de Gibraltar, mais bien Carey Price, qui avait cela dit des allures monolithiques, particulièrement en prolongation.
La vedette du CH avait émis une profession de foi à l’égard de ses coéquipiers après le troisième match de la série. Price avait multiplié les prouesses et son club n’avait pu lui offrir plus qu’un but, entonnant du même coup un vieux refrain connu par cœur dans les corridors du Centre Bell.
Il avait affirmé croire en cette équipe et assuré que ce n’était qu’une question de temps avant que les attaquants, talentueux disait-il, ne débloque. Une déclaration qui avait les accents de la sincérité.
Carey est calme. Il ne parle pas pour rien. Il aime s’amuser avec les gars, c’est un gars de gang, mais en même temps, ce n’est pas le plus vocal. Quand il dit quelque chose, c’est réfléchi et ça a un impact. C’est certain que les joueurs ont entendu ce qu’il a dit. Venant d’un gardien comme lui qui présentement joue à son mieux, c’est positif pour nos joueurs
, a expliqué Dominique Ducharme en visioconférence après le gain de 3-2 de sa bande.
Montréal a entamé la prolongation en apparence exténué. Ça semblait n’être qu’une question de temps avant que les Leafs sabrent le champagne. Après 15 minutes dans les câbles, le Bleu-blanc-rouge se faisait dominer 13-1 aux tirs au but. Price a eu à repousser un assaut d’Alex Kerfoot en descente à deux contre un. Il a dû sortir la mitaine in extremis deux fois plutôt qu’une, d’abord contre Travis Dermott, puis contre T.J. Brodie. Arrêt de la jambière de justesse face à Auston Matthews.
Sans compter tous ces petits moments où il ralentissait le tourbillon en absorbant la rondelle pour provoquer le coup de sifflet et octroyer un petit repos à ses amis.
Repos dont ils avaient bien besoin. Au premier chef, les quatre défenseurs les plus utilisés par Ducharme, soit Shea Weber, Ben Chiarot, Jeff Petry et Joel Edmundson.
À partir du moment où les Leafs se sont rapprochés à un but, Erik Gustafsson n’a plus touché à la glace et Brett Kulak a obtenu une dernière présence. Les deux ont joué moins de 7 minutes sur les 75 qu’a duré le match.
Ben Chiarot (35 min 20 s) et Jeff Petry (34:51) ont fracassé leur record de temps d’utilisation. Joel Edmundson (28:38) a obtenu le deuxième total de sa carrière et Weber, à 37:07, le 4e, en 1119 matchs d’expérience, séries éliminatoires incluses.
Des chevaux
, a décrit Tyler Toffoli. Ça peut avoir l’air grossier comme ça, mais c’était sans malice.
Sauf que les chevaux tiraient au flanc dans le sprint final et la prolongation a été une aventure de tous les instants pour eux, complètement dominés dans la possession de rondelle par les Leafs à 77 %.
Price leur a permis de survivre. Encore un peu. Et un peu. Puis, Kotkaniemi a tranché le débat à la suite d’un vilain revirement de Dermott dans sa zone. Un tir parfait en se servant du gros Zach Bogosian comme écran. Le Finlandais totalise maintenant 7 buts en 15 matchs éliminatoires. C’est sept de plus que… (ah non, mauvaise idée).
Alors, l’équipe des jeunes certes. Après tout, les deux centres de 20 (Kotkaniemi) et 21 ans (Suzuki) viennent d’inscrire les deux derniers buts gagnants, en surtemps qui plus est. Cole Caufield, 20 ans lui aussi, vole sur la glace. D’accord.
Mais, tu sais, sans [Price], on ne serait pas là.
Encore et toujours, l’équipe de Carey Price.
En rafale
Les chiffres de Price, aussi bons soient-ils (moyenne de 2,44, efficacité de ,926), demeurent assez loin de ceux de son homologue Campbell (1,77 et ,937). Le gardien des Torontois a abattu beaucoup de boulot dans cette série et se trouve soudainement peu appuyé par les vedettes de l’équipe. N’empêche qu’il n’a pas toujours su faire la différence au moment opportun.
Le plus gros but de l’année
, a lancé sans hésiter Shea Weber à propos de la réussite de Kotkaniemi. Le jeune Finlandais, selon son bon souvenir, estime avoir réussi le premier but de toute sa vie en prolongation. Nous poursuivons le décompte. Nous en sommes présentement à l’été de ses 11 ans.
Voici des chiffres que vous entendrez (lirez) souvent dans les prochains jours. Si on vous demande, c’est ici que vous les avez pris, d’accord?
D’abord, les Leafs, depuis 2013, présentent une fiche de 0-7 dans les matchs où ils ont une chance d’éliminer l’adversaire. Dans quatre de ces duels, Toronto s’était retrouvé dans un match ultime et perdait donc la série en même temps que la rencontre.
Auston Matthews et Mitch Marner ont participé à six desdits sept matchs. Ils ont chacun obtenu deux points (deux passes pour Marner, un but et une passe pour Matthews) tout en affichant un différentiel de -4.
Certains seraient tentés de dire qu’ils sont dus.
L'énergie exaltée des partisans, celle rassurante de Carey Price - Radio-Canada.ca
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