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Saturday, May 8, 2021

Rattrapé par la réalité - Le Journal de Montréal

Probablement que le scénario aurait été différent si Cayden Primeau avait joué son rôle avec grande distinction.

Ça n’a pas été le cas, mais comme le soulignait Jake Allen, un gardien connaît parfois ce genre de soirées où rien ne fonctionne, où la technique est à plat. Allen a démontré beaucoup de professionnalisme en se portant à la défense de Primeau et en étant à ses côtés dans des moments aussi frustrants.

Donc, après cinq minutes, le Tricolore s’est retrouvé dans un étau se resserrant jusqu’à la fin de la première période.

Un déficit de 4 à 0 face à une formation aussi redoutable que les Maple Leafs de Toronto, c’était trop pour une équipe qui compose avec plusieurs blessés et surtout qui doit disputer des matchs tous les deux jours... non, ce n’est pas le cas. Jeudi soir, le Canadien a disputé deux matchs en deux soirs pour la deuxième fois en moins d’une semaine.

Vendredi et samedi derniers, ils avaient affronté les Jets et les Sénateurs. Lundi, les Leafs au Centre Bell, et mercredi et jeudi, à nouveau les Sénateurs et les Leafs. Cinq matchs en une semaine.

Et avec des effectifs réduits. Jeudi soir, Phillip Danault a rangé l’équipement après une période, il ne pouvait plus poursuivre, traînant une blessure depuis quelques matchs.

Des excuses ?

Non.

C’est la réalité.

Il fallait s’y attendre. Il est impossible de composer avec un calendrier aussi éreintant sans croire que tout se déroulera sans aucun souci, que les pièces du casse-tête tomberont au bon endroit.

Impossible, car dans un tel contexte, la fatigue mentale devient le pire ennemi d’un groupe qui, soir après soir, doit puiser dans la banque d’énergie pour compétitionner au même niveau que l’adversaire. 

La fatigue mentale entraîne inévitablement des erreurs d’exécution, amenuise la prise de décision, et du même coup, expose les joueurs à des blessures. 

Par contre, on peut comprendre Dominique Ducharme de nourrir des inquiétudes.

Il y a des patineurs qui ne répondent pas aux attentes. On a beau chercher des solutions, les résultats ne viennent pas. On voudrait terminer la saison sur une note intéressante, une note encourageante à l’approche des séries éliminatoires. Présentement, la complexité du moment rend encore plus difficile l’évaluation des effectifs

Transformations

Cependant, le Canadien que l’on verra à l’œuvre, ce soir à Toronto, subira plusieurs transformations au cours des prochains jours. C’est inévitable.

Les blessés sortiront de l’infirmerie.

Et des patineurs devront accepter un rôle bien différent. Il faudra bien trancher éventuellement dans le cas de Jesperi Kotkaniemi. Il a perdu toute la confiance qu’il avait pourtant laissée miroiter en début de saison et, surtout, lors du tournoi estival de l’an dernier.

Il se retrouve dans une situation très vulnérable. Ses performances soulèvent les comparaisons avec les autres sélections de l’année 2018, notamment Brady Tkachuk qui a obtenu 124 points en 195 matchs en comparaison à 62 points pour KK en 168 matchs. Et le jeune ailier des Sénateurs exerce déjà un impact majeur au sein de sa formation.

Impatient

Ducharme a montré des signes d’impatience dans un récent match, mais il a redonné à Kotkaniemi l’opportunité d’évoluer au centre. Toutefois, il ne parvient pas à se démarquer. Les recruteurs du Canadien ont-ils commis une erreur en préférant Kotkaniemi à Tkachuk ?

Marc Bergevin a répété que son organisation convoitait un joueur de centre. Un joueur avec un bon gabarit, un centre créatif, capable de bien alimenter ses ailiers. Habituellement, la théorie « on choisit toujours le meilleur joueur disponible indépendamment de sa position » a-t-elle été mise en veilleuse pour ce cas bien particulier ? Peut-être, mais on pourra toujours expliquer le choix de KK en précisant qu’il était le meilleur joueur disponible au troisième rang.

Pour le moment, Tkachuk ne permet pas à Trevor Timmins et à son groupe de bomber le torse.

Il ne reste que trois matchs, les Leafs ce soir puis les Oilers d’Edmonton lundi et mercredi, avec Connor McDavid qui ne vise rien de moins qu’une saison de 100 points dans le cadre d’un calendrier de 56 matchs.

Comme quoi le calendrier n’offre aucun répit aux joueurs du Canadien. 

Impatience à New York 

De prime abord, en 2018, le message des décideurs des Rangers de New York aux partisans de l’équipe insistait sur la fin d’une période et le début d’un processus de rajeunissement de la formation. Plusieurs vétérans ont été échangés, notamment J.T. Miller et Ryan McDonaugh, il y a eu quelques transactions, bref, les Rangers ont changé de personnalité. L’acquisition d’Artemi Panarin a poussé le processus vers un dénouement plus rapide.

Mais John Davidson et son groupe voulaient encore plus de temps. Les Rangers représentent la deuxième équipe la plus jeune du circuit, ils ont ajouté Alexis Lafrenière et K’Andre Miller. Adam Fox est le défenseur ayant récolté le plus de points jusqu’à maintenant cette saison. Bref, on se disait près de l’objectif.

Sauf que James Dolan n’était pas présent quand la patience est passée. L’élimination rapide, l’an dernier, devant les Hurricanes de la Caroline, l’a irrité. Et le fait que les Rangers tomberont en congé dans quelques jours lui a fait monter la moutarde au nez. Il a piqué une colère en épiant les Rangers subir deux défaites par jeu blanc face aux Islanders, la semaine dernière. Donc, il a dit à John Davidson et Jeff Gorton, bye bye, j’en ai assez. Le programme de rajeunissement devrait être terminé depuis un an. On se retrouve encore une fois dans le groupe des équipes écartées des séries.

Mésentente

Ça n’allait plus entre JD et Gorton et le propriétaire des Rangers. On ne partageait plus la même philosophie, et comme Dolan est un homme très impulsif, il a réagi comme lui seul sait le faire. Avec la nouvelle conjoncture économique, les propriétaires n’auront plus la même patience. Aucun directeur général n’est à l’abri. Si les modèles d’affaires ne fonctionnent pas, s’ils n’apportent pas les résultats escomptés, les propriétaires ne tarderont plus à réagir rapidement. Geoff Molson a permis à son directeur général de dépenser plusieurs millions de dollars maintenant, et Marc Bergevin le sait, il doit y avoir des retombées importantes.

La patience a toujours des limites.

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