Après des mois d'incertitude, Laurence Vincent Lapointe a finalement obtenu sa place dans l'équipe canadienne de canoë-kayak pour les Jeux de Tokyo.
Canoë Kayak Canada a dévoilé mercredi matin son équipe olympique, et la Québécoise de 29 ans en fait partie avec 15 autres pagayeurs.
Enfin! Après deux années très, très difficiles et fortes en rebondissements, j'ai reçu l'annonce officielle aujourd'hui que j'allais aux Jeux. C'est drôle parce qu'à la fois ça me soulage énormément et, d'un autre côté, ça m'excite et ça me motive encore plus d'avoir la chance pour la première fois d'aller aux Jeux
, s'est-elle exclamée en visioconférence depuis la région de Québec, où elle participe à un camp.
C'est pour moi mon rêve de petite fille et maintenant, à 29 ans, ça va finalement se réaliser. Je ne peux pas vous dire à quel point ça me rend émotive. [...] Ce n'est pas compliqué: quand j'ai reçu ma veste, que je l'ai mise pour la première fois, j'en ai eu des frissons. Et j'en ai encore des frissons d'ailleurs. Je suis incroyablement heureuse d'avoir cette opportunité.
Laurence Vincent Lapointe avait besoin d'un laissez-passer après avoir raté sa chance en qualifications, aux essais nationaux, en mars. Canoë Kayak Canada (CKC) a donc dû plaider sa cause devant la Fédération internationale de canoë (ICF).
Elle a donc dû patienter des semaines avant de savoir si les démarches de CKC pour lui consentir une place de quota allaient porter fruit.
Comme Laurence n'a pas eu l'occasion de se qualifier, le Comité olympique canadien (COC) a demandé une place de quota supplémentaire au Comité international olympique pour elle, a expliqué Me Adam Klevinas, qui a piloté le dossier pour CKC. À date, le COC n'a pas eu de réponse.
Mais peu importe, Laurence Vincent Lapointe pourra participer aux deux épreuves à Tokyo (en C-1 et en C-2) puisqu'il restait une place de quota chez les femmes, que CKC a décidé de lui attribuer.
Laurence a été nommée après avoir démontré qu'elle était l'athlète la plus proche d'une médaille d'or selon une évaluation de performances avec deux autres athlètes, Courtney Stott et Lissa Bissonnette qui ont actuellement le statut de remplaçante en K-4
, a expliqué Klevinas.
De multiples embûches
Laurence Vincent Lapointe est une figure dominante du canoë féminin. Elle a décroché 13 médailles d’or aux Championnats du monde et est détentrice de plusieurs records du monde, dont celui au C1-200 m en 46,4 s (Moscou 2014).
C'est à Tokyo, en 2021, que le canoë féminin doit être présenté pour la toute première fois de l'histoire des Jeux. Et à plusieurs reprises depuis les deux dernières années, la Québécoise est passée bien près de voir son rêve olympique lui être dérobé.
La Trifluvienne s’apprêtait à disputer les mondiaux lorsque le 13 août 2019, elle a appris qu’elle était suspendue provisoirement pour avoir échoué à un test antidopage.
L’athlète, qui selon plusieurs est connue pour son honnêteté et pour le fait qu’elle a souvent dénoncé les athlètes dopés, a rapidement clamé son innocence.
Grâce à une analyse de cheveux dans un laboratoire de Strasbourg, il a été découvert que son conjoint de l’époque avait consommé un produit contenant une quantité importante de ligandrol, substance à l’origine de sa suspension.
Par la suite, un expert a confirmé que la faible quantité retrouvée dans l’organisme de la canoéiste pouvait provenir d’une transmission de fluides corporels entre elle et son copain de l’époque.
Le 27 janvier 2020, elle a poussé un soupir de soulagement. Elle a finalement été blanchie de toutes accusations. Après des mois d'attente et d'angoisse, pendant lesquels elle a été forcée de rater les mondiaux et une saison complète avec son équipe, la championne du monde pouvait se concentrer de nouveau sur son objectif olympique.
Puis, deux mois plus tard, on a annoncé le report des Jeux de Tokyo. Comme si les planètes n'étaient pas alignées pour elle. Bon, j'en ai assez bavé, est-ce que je peux enfin mettre un terme à tout ça?
avait mentionné Vincent Lapointe. Les places restantes pour les Olympiques devaient être déterminées aux Championnats panaméricains au mois d’avril 2020, mais ils ont été annulés en raison de la pandémie.
Elle a dû, comme plusieurs athlètes, trouver des solutions pour maintenir la forme et s’entraîner tout en ne sachant pas quand la compétition reprendrait.
Les places olympiques en canoë-kayak pour le Canada étant limitées par un quota, la seule chance de qualification de la Trifluvienne passait par les essais canadiens olympiques et paralympiques, en Colombie-Britannique, en mars, cette année.
Et comble de malheur, la canoéiste de la Mauricie a raté sa qualification en C-1 200 m, où elle a été battue deux fois par sa partenaire en C-2 500 m, l'Ontarienne Katie Vincent. Puis, elle n'a pu participer au 500 m en C-2, car elle a été retirée de la compétition en raison du protocole de la COVID-19.
Laurence Vincent Lapointe est une pionnière. Elle était là quand la Fédération internationale a ajouté le volet féminin aux mondiaux en 2010. Elle a gagné l’or… à 18 ans. Elle a donné ses premiers coups de pagaie quand les femmes qui choisissaient le canoë étaient encore l’objet de railleries, prises pour de simples amatrices au passe-temps biscornu.
Toutes ces années, Vincent Lapointe a milité avec un seul objectif en tête : obtenir la plus haute marque de reconnaissance pour le canoë féminin.
Depuis le début de sa carrière, elle survole la compétition aux C-1 200 m et C-2 500 m, les deux épreuves ajoutées au programme olympique.
Avant cette année au 200 m, sa distance de prédilection, la médaille d'or lui avait échappé une seule fois depuis ses débuts. C’était en 2015, et elle y rêve encore la nuit.
Laurence Vincent Lapointe ira aux Jeux de Tokyo - Radio-Canada.ca
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