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Saturday, August 7, 2021

Inspiration, détermination et résilience au marathon - ICI.Radio-Canada.ca

Malindi Elmore boit de l'eau en courant au marathon olympique.

Malindi Elmore

Photo : Getty Images / Yasuyuki Kiriake

SAPPORO – Je recommande à n’importe quel être humain en manque d’inspiration d’avoir l'occasion un jour d’assister à un marathon auquel participent les Canadiennes Malindi Elmore, Natasha Wodak et Dayna Pidhoresky. 

Bon, je sais, c’est un peu niché comme souhait, surtout que la chose n’est pas très courante. D’ailleurs, samedi, aux aurores, les trois étaient au départ d’un même marathon pour la toute première fois. Et il est fort possible que ce soit la dernière.

Vous dire à quel point la chance qu’on a eue d’y être, même si ça nous a coûté quelques litres de sueur et à vous quelques dollars de taxes bien investis dans votre diffuseur public préféré.

Commençons par la fin si vous le voulez bien.

La fin, c’est le 73e et tout dernier rang. C’est ce que le livre des statistiques de l’histoire olympique retiendra de la participation de Dayna Pidhoresky et son chrono de 3 h 3 min 10  s, soit 34 minutes de plus que son temps de qualifications réalisé en 2019.

Il ne doit pas y avoir une sensation plus désagréable dans la vie pour un athlète d’élite, en regardant par-dessus son épaule, que de réaliser que seule la voiture officielle de l’épreuve nous suit, aussi silencieuse soit-elle.

Au moins, celle de Sapporo était équipée d’un moteur électrique...

Elles étaient donc 88 coureuses au départ et seulement 73 à l’arrivée. Quinze ont abandonné, mais pas Pidhoresky, même si elle avait toutes les raisons du monde de le faire.

On vous a raconté plus tôt cette semaine, avec un titre qui a fait jaser, ses mésaventures. Rappelons qu'elle avait été confinée à sa chambre d’hôtel en plein camp d’entraînement parce qu’elle avait été en contact lors de son vol vers le Japon avec une personne inconnue qui a contracté la COVID-19.

La coureuse de 34 ans n’a pu s’entraîner pendant quatre jours.

Elle nous a appris, après sa course, qu’elle souffrait en plus d’une blessure à un tibia et à un ligament d'une jambe. Courir un marathon malgré une blessure d’usure au tibia, c’est peut-être aussi héroïque que de jouer au hockey avec une épaule fracturée comme l’a déjà fait Bob Gainey.

Mon conjoint m’a dit de courir jusqu’à ce que je n’en sois plus capable, nous a dit Pidhoresky, après que toutes les autres équipes de télé eurent déjà quitté la zone d’entrevue. À un certain moment, je voulais m’évanouir pour ne plus avoir à courir, mais ce n’est pas arrivé. Tellement de gens m’ont aidé à être ici, je l’ai fait pour eux. Je me disais que le plus longtemps je m’accrochais, plus j’apprendrais.

J’ai terminé la course, et c’était ce qu’il y avait de plus important. J’aurais aimé pouvoir en donner plus et je sais que je pourrai en donner plus à l'avenir.

Une citation de :Dayna Pidhoresky, marathonienne

Malgré la douleur et la déception, la coureuse de Windsor gardait son sens de l’humour. Sourire en coin, écrasée par la chaleur et presque soutenue par le médecin de l’équipe, elle nous a laissés sur ces paroles.

Si quelqu’un à Air Canada m’entend, je serais très ouverte à être déplacée en première classe lors de mon vol de retour, question de mieux récupérer après mes deux semaines au Japon.

Si une seule athlète le mérite, c’est bien elle.

Les larmes de joie d’Elmore, les cris de Wodak

En terminant une bonne demi-heure avant Pidhoresky, Malindi Elmore et Natasha Wodak ont offert une autre remarquable journée à la délégation canadienne en athlétisme. Elmore a pris le 9e rang, Wodak le 13e.

Une seule coureuse canadienne dans toute l’histoire olympique avait réussi à se classer parmi les 10 premières au marathon, Sylvie Ruegger, aux Jeux de Los Angeles en 1984. Des Jeux boycottés par 18 pays, dont l’Éthiopie.

Il fallait voir les deux athlètes, à la fois euphoriques et titubantes, s’enlacer au fil d’arrivée. À 41 ans et à 39 ans, Elmore et Wodak venaient de réaliser leur rêve et de boucler la boucle olympique.

En terminant 9e, Elmore a du même coup égalé le meilleur résultat olympique de son conjoint, le coureur Graham Hood, 9e du 1500 m aux Jeux de Barcelone en 1992. Et elle quitte les Olympiques 17 ans après avoir vécu une déception sur 1500 m aux Jeux d’Athènes.

Elle avait depuis lâché l’athlétisme pour s’investir dans le triathlon et fonder une famille. Elle avait d’ailleurs écrit la première lettre du nom de ses deux garçons, Charlie et Oliver, et de celui de Graham sur ses mains.

Réussir mon marathon olympique, c’était un projet de 17 ans, a dit Elmore, émue, à l’arrivée. Mes enfants m’ont aidé dans les derniers kilomètres. Je savais qu’ils me regardaient au Canada. Notre vie de famille était centrée autour de mes entraînements, j’ai tellement hâte de les revoir.

Elle a essuyé quelques larmes, mon masque s’est chargé d’éponger le soudain surplus d’humidité produit par mes yeux. Mes garçons aussi me manquent.

Natasha Wodak court en direction de la ligne d'arrivée.

Natasha Wodak

Photo : Radio-Canada / Antoine Deshaies

Natasha Wodak, 22e à Rio sur 10 000 m, avait aussi les émotions à fleur de peau après un effort si violent.

J’ai crié F*** yeah en franchissant le fil d’arrivée, a dit la coureuse. Dans mes rêves les plus fous, je voulais terminer parmi les 10 premières, mais mon véritable objectif, c’était un top 20. Evan Dunfee nous a beaucoup inspirées avec sa médaille de bronze à la marche. Il nous a fait comprendre qu’on pouvait convaincre notre corps de continuer d’avancer même quand il nous criait qu’il n’en pouvait plus.

Ironiquement, Wodak et Elmore ne voulaient plus avancer en zone d'entrevue. Les deux ont continué à échanger avec nous une fois la caméra éteinte. J’essayais subtilement et poliment de mettre fin à la conversation parce que j’avais mal pour elles et je voulais qu’elles se mettent à l’ombre pour se réhydrater.

En pleine réponse, Elmore s’était même arrêté pour nous dire qu’elle était étourdie.

Les deux nous ont ensuite remerciés d’être là pour raconter leur histoire et leur performance. J’étais sans mot. Elles nous avaient éblouis, épatés et inspirés, et elles nous remerciaient en plus. Un chausson avec ça?

Pour être poli, ce n’est pas une reconnaissance qu’on reçoit habituellement en couvrant votre club sportif professionnel préféré.

Ne le dites surtout pas à mes patrons, mais j’étais presque gêné d’être payé pour leur parler. Et dire qu’on pourra voir courir le grand Kipchoge dimanche.

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