Elizabeth Mantha a réalisé le plus long coup de patin de sa carrière, vendredi soir, en sautant sur la glace de la Place Bell pour officier un premier match de la Ligue américaine. À 31 ans, cette pionnière a défoncé les portes d’un univers qui était jusqu’à présent réservé aux hommes.
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Auparavant, Mantha avait patrouillé sur les patinoires du hockey mineur masculin et féminin du Québec en plus d’événements internationaux féminins.
Au fil des années, elle avait chevauché les obstacles et connu des premières dans le midget espoir, dans le midget AAA et dans le junior AAA. Elle s’est habituée à chasser le stress avec le temps.
Mais jamais la Québécoise n’aurait cru faire le saut chez les pros si rapidement.
« On va se le dire, on est loin des niveaux mineurs. Le bond est immense, a lâché Mantha en entrevue avec Le Journal à 24 heures de ce premier match. J’aurais souhaité avoir une préparation supplémentaire. Mais je sais que je ne suis pas garrochée sur cette patinoire sans préparation. Je sais que je suis capable. »
« Je suis très reconnaissante de pouvoir arbitrer des matchs professionnels de hockey masculin, a-t-elle ajouté en ouvrant au même moment un texto de soutien de la part de l’officiel de la LNH Wes McCauley. Je sais que je me suis améliorée et que j’ai évolué. »
Des papillons
Dans la dernière semaine, elle a constaté que son histoire a pris de l’ampleur. En s’approchant du jour J, elle ressentait de plus en plus les papillons et l’excitation.
« J’ai réalisé que c’était un moment vraiment important. C’est une première. D’autres femmes sont passées par là avant moi, mais pour une Québécoise chez les pros, ce n’était jamais arrivé. C’est agréable que la cause des femmes soit rendue là. On peut les impliquer davantage et ouvrir les portes des prochaines générations », a-t-elle soutenu avec vigueur.
Si Mantha est rendue à cette étape de sa carrière, c’est qu’elle ne l’a pas volé. Elle l’a amplement mérité. En septembre, dans le cadre d’un projet avancé par le commissaire de la LAH, Scott Howson, elle a participé au camp d’entraînement et d’évaluation des officiels de l’antichambre de la LNH avec des collègues féminines.
Elle a livré la marchandise, car à la sortie du calendrier d’assignations à la fin septembre, elle a vu son nom inscrit dans la case du 29 octobre à la Place Bell de Laval.
« Quand tu vois le courriel entrer dans ta boîte de réception, tu espères que ton nom soit attitré à un match. Mais le voir réellement, c’est comme un choc au cœur. J’étais tellement excitée et fière. »
« Quand j’étais partie du camp, je ne savais pas si j’allais obtenir une chance. J’en ai reçu une, j’étais tout excitée. À la deuxième, je l’étais autant », a raconté la femme qui sera aussi en poste à Toronto à l’occasion d’un match des Marlies en novembre.
Elle connaîtra ses assignations deux fois par mois. Elle restera en sol canadien cette saison.
D’une pionnière à une autre
Avant d’enfiler l’uniforme à rayures, Mantha a gravi les échelons du hockey mineur féminin québécois. Elle a terminé sa carrière de joueuse sous la férule d’Isabelle Leclaire, avec les Carabins de l’Université de Montréal, mais aussi sous la direction de Danièle Sauvageau, qui a toujours su l’animer et la motiver.
Tout au long de sa carrière, Sauvageau a défoncé des portes dans le monde du sport. Elle voit un grand leadership dans sa protégée.
« Elizabeth est munie d’un calme, mais aussi d’une intensité incroyable. Elle veut toujours livrer le meilleur d’elle-même. C’est une grande fierté pour notre programme et moi de la voir réussir de cette façon », a indiqué la femme de tête qui n’est pas surprise de son parcours.
« Je souris quand on parle de pionnière, car c’est l’objectif. On dit que des parents réussissent quand les enfants les dépassent. Cela décrit bien sa progression », a-t-elle philosophé.
Vers Pékin
L’ex-coach de l’équipe nationale féminine sait pertinemment que Mantha continuera à défoncer des portes comme elle l’a fait durant des décennies. Elle souhaite de tout cœur la voir patiner sur une glace olympique lors des prochains Jeux à Pékin.
« Ce serait extrêmement symbolique. »
Ce serait aussi un autre long coup de patin.
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