MELBOURNE | Venu à Melbourne pour marquer encore plus l’histoire du tennis, Novak Djokovic a dû quitter l’Australie dimanche sans avoir disputé un seul match et après avoir perdu une bataille judiciaire qui pourrait écorner durablement son image.
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Escorté dans les couloirs de l’aéroport de Melbourne par la police fédérale australienne, Djokovic a pris place dans un avion à destination de Dubaï, a constaté une journaliste de l’AFP à bord de ce vol.
Le no 1 mondial et ses entraîneurs ont quitté Melbourne à 22 h 51 et devraient arriver à Dubai lundi vers 5 h locales, sans que l’on sache quelle sera sa destination finale.
Ce départ sans gloire, alors qu’il aspirait à un dixième titre aux Internationaux d’Australie et à un 21e titre en Grand Chelem, synonyme de record, est l’épilogue d’un feuilleton de onze jours mêlant politique et diplomatie sur fond d’opposition à la vaccination anti-COVID.
Trois juges de la Cour fédérale d’Australie ont scellé dimanche le sort de «Djoko», en rejetant son recours contre l’annulation de son visa et son expulsion du pays.
«La Cour ordonne que le recours soit rejeté aux frais du demandeur», a simplement déclaré le président de la Cour James Allsop.
«Je suis extrêmement déçu», a réagi Djokovic dans un communiqué.
«Je vais maintenant prendre du temps pour me reposer et récupérer», a souligné le joueur, dont la carrière, au moins en Australie, pourrait pâtir lourdement de ce revers, puisqu’une annulation de visa est assortie d’une interdiction de trois ans de territoire australien.
Devant la Cour, ses avocats ont qualifié le placement en rétention de leur client et son expulsion d’«illogiques», «irrationnels» et «déraisonnables». Sans convaincre les trois juges de la Cour fédérale qui ont rejeté le recours à l’unanimité.
«Sentiment anti-vaccination»
Dans ses conclusions déposées samedi devant cette même Cour, le ministre de l’Immigration Alex Hawke avait soutenu que la présence en Australie de Djokovic, qui n’a jamais fait mystère de son opposition à la vaccination anticovid, était «susceptible de représenter un risque sanitaire».
Selon lui, elle encourageait «le sentiment anti-vaccination» et pouvait dissuader les Australiens de se faire injecter leur dose de rappel, alors que le variant Omicron se répand à grande vitesse dans le pays.
Novak Djokovic avait été bloqué à son arrivée en Australie le 5 janvier et placé en rétention administrative.
Le joueur, qui a contracté la COVID-19 en décembre, espérait bénéficier d’une exemption pour entrer dans le pays sans être vacciné, mais les autorités n’avaient pas accepté cette explication.
Le gouvernement australien avait subi un humiliant revers le 10 janvier quand un juge avait bloqué l’expulsion de Djokovic, rétabli son visa et ordonné sa libération immédiate du centre de rétention au confort sommaire où il avait placé.
Mais le ministre de l’Immigration avait contre-attaqué vendredi et annulé son visa pour la deuxième fois en vertu de ses pouvoirs discrétionnaires, invoquant «des raisons sanitaires et d’ordre public».
«Grands sacrifices»
Le gouvernement australien s’est félicité dimanche de sa victoire judiciaire, en pleine campagne électorale dans un pays dont les habitants ont enduré pendant près de deux ans des restrictions anti-Covid parmi les plus strictes au monde.
«La politique ferme de protection des frontières de l’Australie nous a maintenus en sécurité pendant la pandémie», a affirmé le ministre de l’Immigration, Alex Hawke, dans un communiqué.
«Les Australiens ont fait de grands sacrifices pour en arriver là et le gouvernement Morrison est fermement décidé à protéger cette position» a-t-il ajouté.
En Serbie, où Djokovic est considéré comme un héros national, la décision australienne a soulevé l’indignation.
«Ils se sont humiliés eux-mêmes, Djokovic peut revenir dans son pays la tête haute et regarder tout le monde droit dans les yeux», s’est emporté le président Aleksandar Vucic à propos des dirigeants australiens.
«Décision scandaleuse»
«Malgré cette décision scandaleuse, nous estimons que Novak est sorti à nouveau vainqueur», a renchéri le comité olympique serbe.
Pour l’ATP, qui gère le circuit professionnel masculin, la décision de la justice australienne «met un terme à une série d’événements profondément regrettables».
Elle a aussi rappelé que Djokovic était «l’un des plus grands champions de notre sport et son absence à l’Open d’Australie est une perte pour le tennis».
Parmi les joueurs, Vasek Pospisil, un proche de «Djoko», l’a défendu en rappelant que «Novak ne serait jamais allé en Australie s’il n’avait pas reçu du gouvernement une exemption pour entrer dans ce pays».
«Je n’aime pas qu’il se retrouve dans cette situation et je n’aime pas le fait qu’il a été placé en détention», a regretté de son côté Andy Murray, tandis que Miomir Kecmanovic, le joueur serbe que devait affronter lundi Djokovic, espère «venger le meilleur représentant (de la Serbie) qui a été empêché d’être ici».
Le fiasco australien de Djokovic fait au moins un heureux, l’Italien Salvatore Caruso (150e mondial) qui, profitant de son statut de «lucky loser» (éliminé en qualifications, mais repêché grâce à ce forfait), va le remplacer dans le tableau des Internationaux d’Australie et jouera lundi dans la soirée à sa place.
«C’est une situation un peu particulière d’être en ce moment le lucky loser le plus célèbre de l’histoire», a-t-il constaté.
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