(Pékin) Une chute, deux chutes, trois chutes, une pénalité… Cette soirée si prometteuse pour l’équipe canadienne de patinage courte piste allait virer au désastre. Mais non, Kim Boutin, seule Canadienne debout, a sauvé la mise, l’honneur et la place sur le podium.
C’est elle qui a posé la première question aux journalistes.
« Comment ça va ? »
On a ri.
Elle qui est partie de PyeongChang avec trois médailles et qui est deuxième en Coupe du monde sur 500 m cette saison n’a pas déçu avec sa médaille de bronze.
Après toutes ces chutes, elle avoue ne pas avoir voulu risquer quoi que ce soit, seulement protéger sa troisième place, sur la fin de cette course-sprint.
Mais de toute manière, avec devant elle des tacticiennes comme l’Italienne Arianna Fontana (or sur la distance pour ses deuxièmes JO de suite, et médaillée à des cinquièmes Jeux) et la Néerlandaise Suzanne Schulting, il n’y avait tout simplement pas la place.
C’était un podium « juste », qui a réuni les trois meilleures au monde, a-t-elle concédé.
Surtout, il n’y aura aucune controverse pour ce bronze-ci. En 2018, Boutin avait été submergée de messages haineux et de menaces, après la disqualification d’une Coréenne, au 1000 m. La police locale avait ouvert une enquête et offert de déposer des accusations criminelles contre deux hommes. Boutin avait préféré leur faire parvenir une lettre…
Les mois et l’année qui ont suivi ont été pénibles. Elle a dû surmonter une forme de choc post-traumatique et retrouver le plaisir perdu de l’entraînement – même avant la COVID.
Elle s’est exilée un temps aux Pays-Bas pour s’entraîner. Elle a poursuivi ses études en éducation spécialisée. Elle a trouvé un nouvel équilibre hors la glace, dans la peinture, avec les enfants.
Et les succès sont revenus.
Elle parle du moment présent et de l’importance d’être « en symbiose avec la glace ». Bref, c’est une Kim Boutin ressourcée et zen qui s’est pointée à Pékin.
Un « grand retour » olympique dont elle est « très fière », d’autant que la course a été difficile. Mais se faire devancer par deux athlètes qu’elle « admire énormément », ça lui va, ça lui va très bien.
Crève-cœur pour Dion
Pascal Dion, qui mène la Coupe du monde sur 1000 m, a tout simplement perdu pied quand son patin est passé de la portion humide à la portion sèche de la glace. La glace a « craqué » et c’était fini. Des trucs qui arrivent dans ce boulot où l’on est toujours à un millimètre de l’accident.
« C’est un peu crève-cœur, mais il reste deux distances et des chances de se reprendre. »
Jordan Pierre-Gilles, pénalisé pour un dépassement un peu trop serré, a reconnu qu’il aurait pu « mieux le préparer » et que, oui, « ça fait chier ». Mais avec un sourire en coin, il a ajouté que son adversaire chinois a habilement réussi à aller « chercher le contact », pour paraître déséquilibré par lui. « Il a joué un peu la comédie », a-t-il opiné, tout en reconnaissant que les arbitres ne l’ont pas facile pour départager ces situations de frictions.
Manifestement, ça joue plus dur aux Jeux olympiques, dit-il. « Tout le monde y va pour le podium », et ça explique les chutes, les controverses, les contacts et les disqualifications.
Je ne sais pas s’il aurait pu « mieux le préparer », comme il dit, mais il a essayé, a joué ça sur le fil du rasoir, et je vous annonce que les courses ne seront jamais plates avec Pierre-Gilles.
« Ça fait juste un an et demi que je suis sur le circuit, alors j’apprends encore.»
« La médaille de Kim, ça redonne du jus à toute l’équipe », a dit Alyson Charles, elle aussi pénalisée.
Après un relais mixte qui a fini par une chute, ce ne sera pas de refus pour la suite.
Tout le monde, pour la suite, aimerait entendre un peu moins de bruits de matelas et de décisions d’arbitres…
Pékin 2022 | Kim Boutin, seule debout et médaille de bronze - La Presse
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