«Je ne dirige Alex Newhook que depuis quelques jours. Nous venons de perdre un match à Bridgeport. J’entre dans le vestiaire et je décide de le réprimander devant tout le monde. Je lui dis ce que je n’ai pas aimé de sa partie, ce que j’aurais aimé qu’il fasse autrement. Je lui avance que son jeu est en-deçà de nos attentes. Tous ses coéquipiers sont là et assistent à la scène. Au fond de moi, je suis curieux de voir comment il va réagir. C’est quand tu confrontes un joueur publiquement que tu vois ressortir sa vraie nature. Mais Alex prend tout sans même détourner le regard. Il ne cherche pas d’excuses et reconnaît ses torts. Je comprends alors à quel point il est un gars d’équipe, à quel point il sera facile à diriger.»
Greg Cronin est, depuis juin, le nouvel entraîneur-chef des Ducks d’Anaheim. Mais il est aussi le dernier instructeur sous lequel Alex Newhook, acquis cet été par les Canadiens, a produit à un rythme de plus d’un point par match.
Lors de la saison 2020-2021, Newhook, cédé aux Eagles du Colorado (club-école de l’Avalanche) en cours d’année, a récolté neuf points en huit matchs. Cronin était alors à la tête de l’équipe. Puis, en 2021-2022, le nouvel attaquant du CH a de nouveau été envoyé dans la Ligue américaine, chez les Eagles. Toujours dirigé par Cronin, Newhook a cette fois récolté 11 points en 10 matchs.
«Certains joueurs, lorsque tu les challenges sur des trucs qu’ils doivent corriger, se ferment et se mettent sur la défensive. Ce n’était vraiment pas le cas d’Alex. J’ai beaucoup apprécié ce trait de sa personnalité.»
«À un certain point, il venait d’aider l’Avalanche à remporter la coupe Stanley lorsqu’il est débarqué dans mon équipe pour la deuxième fois. Il aurait pu aborder la chose de façon négative. Mais au lieu de cela, il est venu me voir, m’a regardé et m’a dit : "dis-moi ce que je dois faire pour retourner dans la LNH". Et il l’a fait.»
À la base, l’auteur de ces lignes souhaitait bâtir un article sur Alex Newhook en incluant plusieurs intervenants. Mais les plans ont changé au terme de l’entretien avec Cronin.
Pourquoi? Parce qu’à Montréal, les gens veulent savoir comment les entraîneurs du Tricolore feront de leur nouveau no 15 un joueur dominant. Au fond, Greg Cronin, même si l’échantillon est relativement mince, est le dernier homme à y être parvenu. Et il n’a, en prime, refusé aucune question.
Une déclaration qui plaira aux partisans du CH
Nous sommes vendredi et il est 14h lorsque Cronin prend l’appel.
À quelques jours de l’ouverture officielle des différents camps d’entraînement de la LNH et donc de son tout premier exercice du genre en tant qu’entraîneur-chef dans le circuit Bettman, l’homme de 60 ans aurait eu plusieurs plusieurs motifs valables pour refuser cette demande d’entrevue.
Pourtant, c'est tout le contraire qui se produit.
«Je suis à l’aéroport de Chicago. J’attends mon vol, mais je peux te parler d’Alex avec plaisir.»
Si c’était toujours aussi simple...
Du hockey, Cronin en a vu dans sa vie. En fait, il roule sa bosse derrière un banc depuis 1987. Il compte notamment 11 années d’expérience en tant qu’adjoint dans la LNH chez les Maple Leafs et les Islanders. Il a aussi occupé le poste d’instructeur-chef pendant sept campagnes dans l’AHL.
En d’autres mots, il mérite pleinement le mandat qui l’attend avec les Ducks et... a une opinion qui mérite tout aussi pleinement d’être prise en compte. Voilà pourquoi sa déclaration ci-bas plaira aux amateurs des Canadiens.
«Je ne sais pas comment Kent Hughes et Martin St-Louis voudront utiliser Alex, mais je pense vraiment qu’il a ce qu’il faut pour produire sur un top-6 de la LNH. Il a beaucoup de talent! Regarde son cheminement. Il a toujours été un gars très productif. L’aisance offensive ne disparaît pas comme ça. Ultimement, c’est à l’entraîneur de mettre son joueur dans les meilleures dispositions pour qu’il puisse briller.»
La recette pour faire briller Newhook?
Et justement, comment faire briller Alex Newhook?
«Je ne l’ai pas dirigé dans la LNH, mais je l’ai adoré au centre, personnellement. Il était davantage en mesure d’utiliser sa grande vitesse et de générer de l’attaque. C’est comme ça (en patinant) qu’il est à son meilleur.»
Voilà pour la position. Mais avec quel type de joueurs le jeune homme de 22 ans est-il à son mieux?
«Je m’assurais de le faire jouer avec des gars qui pouvaient suivre son rythme, confie Cronin. Alex patine extrêmement rapidement donc s’il est jumelé à des joueurs qui peuvent le suivre, tant sur le plan de la vitesse que de l’exécution, le trio générera naturellement beaucoup d’attaque.»
Et sur le plan individuel, ajoute notre interlocuteur, la recette pour que Newhook se démarque est relativement simple.
«Je me répète, mais Alex est très talentueux avec la rondelle. Sauf qu'il n’est pas le plus grand, ni le plus gros. Pour que son apport soit maximisé, je suis d’avis qu’il doit tout mettre en œuvre pour bien paraître défensivement. Pourchasser le porteur de la rondelle, remporter ses batailles, être actif en échec-avant. Ultimement, je pense qu’il peut, s’il s’applique dans ces départements, se distinguer par rapport aux autres joueurs de son style.»
Le facteur Martin St-Louis
Il y a tout de même un fait qui demeure à ce jour irréfutable : Newhook, malgré d’intéressants flashs au fil de ses deux saisons et quelques matchs (six, en 2020-2021) avec l’Avalanche, n’a jamais su s’établir et faire sa place.
Certains expliquent toutefois cette réalité en évoquant que la grande profondeur du club, notamment en attaque, a contribué à réduire le nombre d’opportunités habituellement offertes à un choix de premier tour comme Newhook (16e au total en 2019) . Cronin, à qui on soumet la théorie, y adhère sur le champ.
«C’est clair! Au Colorado, il jouait au sein d’une équipe très talentueuse où plusieurs attaquants de qualité monopolisaient les minutes. Rantanen, MacKinnon, Landeskog, Lehkonen... Je pense que dans un club où il aura un rôle plus important, il pourrait très bien sortir des blocs et se distinguer.»
Et la personne qui aura le dernier mot quant au rôle que jouera le jeune attaquant à Montréal, c’est Martin St-Louis. Cronin se montre d’ailleurs très encouragé par l’éventuelle association entre les deux hommes.
«J’ai constaté ce que Martin était parvenu à faire avec Cole Caufield, qui est aussi un joueur de petite stature. Je pense que si Martin reste lui-même et ne fait que partager son expérience et la façon dont il jouait avec Alex, ce sera un gros, gros plus. Martin a traversé plusieurs épreuves avant de finalement s’établir comme l’un des meilleurs joueurs de la LNH. Il peut très bien, s’il s’ouvre de cette façon, avoir un gros impact sur Alex.»
Depuis son arrivée avec le CH, Martin St-Louis a plus souvent qu’autrement démontré son aisance à relancer des jeunes joueurs de talent (Caufield, Dach) coincés au cœur de séquences difficiles. Et du talent, Alex Newhook en a à revendre.
À Montréal, des milliers de partisans espèrent qu'une autre belle histoire s'écrive. Greg Cronin, lui, y croit fermement.
Les confidences de l'ex-entraîneur d'Alex Newhook - TVA Sports
Read More
No comments:
Post a Comment