Dimanche, sur la piste du centre de ski nordique de Zhangjiakou, on présentait l’épreuve de skiathlon. Après deux boucles de 15 km, deux fondeurs du ROC s’emparaient des deux premières médailles.
L’or est allé à Alexander Bolshunov. Il a franchi la ligne d'arrivée avec plus d'une minute d'avance sur son compatriote Denis Spitsov, et deux minutes devant Iivo Niskanen. Vous avez bien lu, une minute d’avance sur son compatriote et deux sur le Finlandais. Quant à la vedette du ski de fond norvégien, grand favori des Jeux, Johannes Klaebo, il a été relégué à plus de 10 minutes!
Depuis l'ajout de cette épreuve aux Jeux de Turin en 2006, l’écart entre le 1er et le 2e n’avait jamais dépassé les 10 secondes.
Il y a de quoi s’étonner! À la suite des révélations de l’ancien responsable du laboratoire de Moscou Grigory Rodchenkov, une enquête avait révélé un dopage systémique des athlètes russes lors des Olympiques de Sotchi. On avait visé principalement des fondeurs, qui avaient dû faire face à la justice sportive.
Quant au sport russe dans son entier, il a été banni par la suite des JO. Ils ne peuvent aujourd’hui concourir que sous une bannière neutre, nommée ROC. Est-ce que les choses ont changé? Pas pour notre fondeur récemment retraité, Alex Harvey, qui s’est longuement interrogé sur les surprenantes
performances des athlètes du ROC.
Harvey déclarait notamment sur le bannissement des Russes que sur papier, c’est bien beau, mais au final, si les Russes continuent de compétitionner, ça ne change pas grand-chose. Ils n’ont pas le survêtement aux couleurs de la Russie, mais ce sont quand même des Russes
.
La désillusion d’Alex Harvey est plus que légitime. Il avait terminé au pied du podium du 50 km aux Jeux de Pyeongchang, derrière deux représentants du ROC, dont un certain Alexandre Bolshunov qui avait remporté la médaille d’argent.
Les explications surprenantes d'Alexander Bolshunov
En conférence de presse, après sa victoire au skiathlon dimanche, Alexander Bolshunov a été interrogé sur les écarts surprenants avec ses poursuivants.
Vous faites allusion au dopage. Cela ne devrait rien à voir avec le sport. Nous avons des sportifs propres, des athlètes propres qui sont aux Jeux olympiques et qui font des tests de dopage presque tous les jours
, a-t-il répondu.
Pour expliquer son incroyable performance, le médaillé d’or a fait référence aux entraînements. Ce sont des séances très dures. Après avoir vu comment nous nous entraînons, vous et vos lecteurs ne vous poserez plus ces questions
, a-t-il ajouté.
Je ne serrerai pas la main d’une personne si je sais qu’elle se dope. Je ne voudrais même pas l’approcher
, a-t-il dit pour conclure la conférence de presse.
Pourquoi autant de suspicion, direz-vous? Tout simplement parce que les chiffres parlent. Avant les Jeux d’hiver de Pyeongchang, un groupe de journalistes avait mis la main sur des données sanguines de près de 2000 skieurs durant les années 2000.
Ils avaient découvert qu’un tiers des médailles distribuées aux Jeux olympiques et aux Championnats du monde depuis 2001 avaient été remportées par des skieurs qui avaient eu des résultats suspects.
Aux derniers mondiaux en 2019 à Seefeld, en Autriche, on a même démantelé un vaste réseau de dopage. On est donc en droit d’être quelque peu perplexe devant les récentes performances des athlètes du ROC. On va revoir Bolshunov sur les pistes, car il va essayer d'obtenir plus que ses quatre médailles aux Jeux de 2018 (trois de bronze et une d’argent). Il est déjà bien parti avec une première médaille d’or en skiathlon.
Les Jeux sont à peine commencés et, déjà, le spectre du dopage plane au-dessus du ski de fond du ROC. Le ROC va-t-il encore une fois s’effondrer? Le temps nous le dira.
Chronique | Les exploits des fondeurs du ROC aux Jeux de Pékin laissent perplexe - ICI.Radio-Canada.ca
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