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Monday, February 14, 2022

«Un cafouillage épouvantable» –Christiane Ayotte | JDM - Le Journal de Montréal

Le Tribunal arbitral du Sport (TAS) a tranché : la patineuse russe Kamila Valieva pourra participer à l’épreuve individuelle aux Jeux de Pékin. Une décision qui a suscité de nombreuses réactions dans le monde du patinage artistique, mais aussi dans d’autres sphères. 

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Déclarée positive à la trimétazidine à la fin du mois de décembre, Valieva avait seulement reçu son résultat après la conclusion du concours par équipe qui avait été remporté par le Comité olympique russe (ROC). La cérémonie des médailles de cette épreuve avait alors été remise.

Sur le coup, elle avait reçu une suspension provisoire de l’Agence russe antidopage. Celle-ci a été levée dès le lendemain pour des motifs nébuleux. L’Agence mondiale antidopage et le Comité international olympique (CIO) ont décidé de porter la cause devant le TAS. 

Meagan Duhamel et son partenaire Eric Radford lors du gala de patinage artistique aux Jeux de PyeongChang en 2018.

Photo Ben Pelosse

Meagan Duhamel et son partenaire Eric Radford lors du gala de patinage artistique aux Jeux de PyeongChang en 2018.

Trop jeune

Cependant, les deux organisations n’ont pas eu gain de cause notamment en raison de l’âge de Valieva qui a moins de 16 ans. Les athlètes de cet âge ont droit à des sanctions allégées. 

« C’est un cafouillage épouvantable, a expliqué la directrice du laboratoire de contrôle du dopage sportif à l’INRS-Institut Armand-Frappier, Christiane Ayotte.

« Il y a du cafouillage sur plusieurs points. L’agence russe antidopage m’apparaît encore une fois complètement amateur dans cette histoire. Ils ont fait passer un test le 25 décembre. Est-ce qu’ils s’attendaient à ce que les employés d’un laboratoire travaillent durant la semaine de congé alors qu’on ne les avertit pas qu’il y aura des échantillons urgents à traiter ? Je trouve cela horrible. »

Même si les juges du TAS sont neutres, ils n’avaient pas beaucoup de temps pour rendre leur décision. 

« Ils devaient prendre une décision rapide sans aller au fond des choses, ajoute Mme Ayotte. Les parties doivent présenter le dossier rapidement. Ils ont rendu une décision qui ne fait pas l’affaire de personne. »

Par contre, le dossier de Valieva sera réévalué dans les prochains mois. Elle pourrait perdre tous ses titres et ses médailles olympiques. 

« Le cas sera entendu sur le fond. Étant donné que c’est un dossier impliquant une mineure, l’entourage sera enquêté. Elle a peut-être été dopée à son insu. Une chose est claire : la Russie n’est pas sortie de ses problèmes de dopage. »

Kamila Valieva est dans la tourmente aux Jeux de Pékin depuis que son résultat positif à un test antidopage a été révélé.

Photo AFP

Kamila Valieva est dans la tourmente aux Jeux de Pékin depuis que son résultat positif à un test antidopage a été révélé.

Pas une nouveauté

Ce n’est pas d’hier que les athlètes russes consomment de la trimétazidine. Les laboratoires en retrouvaient régulièrement dans leurs urines. 

Dans un passé pas si lointain, ce médicament était envoyé en grande quantité aux équipes et aux athlètes. Ils étaient distribués comme n’importe quel autre supplément selon Mme Ayotte. 

« Elle était utilisée par des athlètes qui étaient dans des disciplines qui demandent de l’endurance. Elle a été bannie en 2014. Ça faisait huit ans que les Russes ne pouvaient plus l’utiliser, mais on vient d’en retrouver chez une junior de 15 ans. Le CIO est acculé au pied du mur et on n’a rien réglé. Ce qui me jette à terre, c’est qu’il y a encore du cafouillage quand on parle de dopage en Russie. Ça nous dit seulement que le message n’est pas encore passé. »

Elle ne jette pas la pierre à Valieva.

« C’est une mineure. C’est une petite fille. Elle ne peut pas poser un diagnostic clair. Il n’y a pas de consentement de sa part. Le dopage, c’est une sorte d’abus. C’est une technique de contrôle. Elles [les athlètes] sont comme des bicyclettes. Elles sont remplaçables. Si ce n’est pas elle, c’est une autre. » 

Qui est Kamila Valieva ? 

Une Russe de 15 ans qui est considérée comme un prodige dans le monde du patinage artistique. Elle a fini première lors des Championnats de Russie (fin 2021) et d’Europe (début 2022). Grande favorite pour gagner l’or au concours individuel, elle a réussi un quadruple saut lors du concours par équipe, une première dans l’histoire olympique.  

Qu’est que la trimétazidine ?

C’est un médicament prescrit pour soigner les problèmes d’angine de poitrine. Elle permettrait à l’athlète qui en consomme d’avoir une meilleure circulation sanguine ou d’agir comme un stimulant. C’est une substance interdite par l’Agence mondiale antidopage depuis 2014.

Pourquoi elle fait les manchettes aux Jeux de Pékin ?

Valieva a été positive à la trimétazidine lors d’un test qui a été effectué le 25 décembre dernier. Le résultat a été connu seulement à la conclusion du concours par équipe qui a été remporté par le Comité olympique russe (ROC). 

Est-ce que le CIO lui a imposé des sanctions ?

Le CIO a annoncé qu’il n’y aura pas de cérémonie des médailles si Valieva monte sur le podium au terme de l’épreuve individuelle. Elle pourrait en avoir une seulement à la fin des procédures qui pourraient prendre plusieurs mois. 

Comment le Canada est-il touché par cette affaire ?

Si l’équipe du ROC avait été dépouillée de sa médaille d’or, le Canada, qui a pris le quatrième rang, aurait mis la main sur la médaille de bronze. Les États-Unis (or) et le Japon (argent) auraient complété le podium.

Quelles ont été les conséquences pour Valieva ?

Dès que les résultats ont été connus, Valieva a été suspendue par le Comité antidopage russe (RUSADA). Toutefois, cette suspension provisoire a été levée par le Tribunal arbitral du sport. Elle pourra participer au concours individuel. Cependant, son dossier sera révisé dans les prochains mois et elle pourrait être suspendue pour une période de deux ans en raison de son âge. 

Ce qu’ils ont dit...  

«Un cafouillage épouvantable» –Christiane Ayotte

Photo Chantal Poirier

« C’est un bordel. Le sport ne paraît pas bien et ce n’est pas ce que les Olympiques devraient être. Kamila est jeune. Ça ne vient pas d’elle, mais c’est arrivé à elle. Nous sommes frustrés par cette décision. »

– Kurt Browning, ancien champion du monde, à CBC

« Les athlètes qui violent les lois antidopage ne peuvent pas participer aux Jeux. C’est un principe qui doit être appliqué sans exception. Les efforts et les rêves de tous les athlètes sont précieux de façon égale. »

– Yuna Kim, médaillée d’or à Vancouver

« Les athlètes ont le droit de savoir qu’ils se battent avec les mêmes chances. Aujourd’hui, ce droit a été nié. Cela semble être un nouveau chapitre du mépris systémique et généralisé de la Russie pour un sport propre. »

– Sarah Hirshland, présidente du Comité olympique américain

« Je suis en colère, déçue et furieuse. D’avoir une compétition propre et d’avoir moins de 18 ans, ce sont deux choses différentes. C’est tellement injuste pour les athlètes propres de cet événement et des Jeux olympiques. »

– Ashley Wagner, ancienne médaillée olympique

« Je suis tellement fâché. La compétition féminine est une farce. Ce n’est pas une compétition réelle et à moins d’une surprise, il n’y aura pas de cérémonie de remise de médailles. Des athlètes propres, qui ont fait leur chemin sans l’aide de produits dopants pour se rendre aux Jeux, se verront priver de leurs moments. Quelle honte ! »

– Adam Rippon, ancien patineur américain

« C’est extrêmement malheureux et triste pour les athlètes. Le COC est pleinement engagé envers le sport propre et nous croyons fermement qu’aucune personne impliquée dans le dopage ou d’autres pratiques corrompues n’a sa place au sein du Mouvement olympique. »

– Tricia Smith, présidente du Comité olympique canadien

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