NEW YORK – Avec la parité qui règne dans la LNH depuis quelques années et le fait que chaque année, en séries, de nouveaux héros naissent et d'anciens connaissent des contre-performances, il était clair qu'une ou deux surprises marqueraient la première ronde.
Mais là!
C'est bien plus d'une hécatombe que de surprises dont on doit parler au lendemain des éliminations des Bruins de Boston et de l'Avalanche du Colorado.
Les Bruins, la meilleure équipe de la LNH cette saison, l'équipe qui a réécrit l'Histoire de la ligue avec ses 65 victoires et ses 135 points qui se fait éliminer par les Panthers de la Floride qui ont dû sortir les griffes pour se hisser en séries?
Ça n'a pas de sens!
Les Bruins qui n'ont encaissé deux défaites de suite en temps réglementaire une seule fois cette saison, qui ont perdu trois fois de suite – en ajoutant des revers en prolongation – deux fois seulement ont perdu trois matchs consécutifs aux mains des Panthers?
Contre des Panthers qui affichaient 23 victoires de moins que leurs rivaux et un manque à gagner de 43 points?
Vraiment?
Ils ont perdu trois fois de suite devant leurs partisans?
Vraiment?
J'aimerais dire que c'est fascinant et que c'est la beauté du sport. Au fond, ce l'est aussi. Car si tout était toujours prévisible, ça ne donnerait rien de suivre les matchs.
Mais le sport peut aussi être cruel.
Et c'est exactement ce que je me suis dit quand j'ai vu Patrice Bergeron saluer les partisans des Bruins comme s'il s'agissait d'un adieu, quand je l'ai vu fondre en larmes la tête appuyée sur l'épaule de son ami et complice de toujours Brad Marchand qui a dû lui dire quelque chose comme : tu seras toujours le plus grand Bruins de l'histoire à mes yeux, je n'ai pu m'empêcher de crier que Bergeron méritait une sortie plus grandiose.
Mais bon!
Linus Ullmark, après des performances en saison régulière qui lui vaudront, sans l'ombre d'un doute, un trophée Vézina n'a pas été à la hauteur en séries.
Et la belle confiance, la belle profondeur et même la candeur des Bruins n'ont pu résister au grand frondeur qu'est Matthew Tkachuk. Avec ses cinq buts et 11 points, mais surtout avec le caractère qu'il a affiché, un caractère qui fera de lui un finaliste dans la course au trophée Hart – du moins je crois – et qui fera de lui un candidat au trophée Conn-Smythe si jamais les Panthers réalisent d'autres surprises, Tkachuk a donné le ton. Son club a suivi.
En prime, Sergeï Bobrovsky semble avoir repris goût à effectuer quelques arrêts importants.
Grubauer hante son ancien club
Si la sortie des Bruins me surprend et que celle de Bergeron me désole, on a toutes les raisons au monde de se réjouir de la victoire du Kraken de Seattle aux dépens de l'Avalanche.
Je sais : j'avais lancé haut et fort que l'Avalanche battrait le Kraken en quatre matchs. J'avais même lancé que les champions de la dernière coupe seraient encore de la grande finale à titre de champions de l'Ouest.
Mais bon! C'est aussi l'hécatombe en matière de prédictions cette année... du moins dans mon cas!
L'Avalanche est un excellent club de hockey. Avec Nathan MacKinnon – le vrai Nate the Great – avec Mikko Rantanen, avec Cale Makar et Devon Toews, l'Avalanche est bâtie sur du solide à l'attaque et à la ligne bleue.
La victoire en sept matchs du Kraken a toutefois mis en évidence le fait que l'Avalanche avait moins de profondeur que son rival. Ce manque de profondeur – la perte du capitaine Gabriel Landeskog a fait très mal tout au long de la saison, mais plus encore en séries – et aussi le fait que Philipp Grubauer est venu hanter son ancienne équipe ont largement contribué à la sortie du Colorado dès la première ronde.
Grubauer n'a pas été sensationnel. Mais comme le reste de son équipe, il a trouvé une manière d'être meilleur que son vis-à-vis. Je ne suis pas en train de dire qu'Alexandar Georgiev a perdu la série à lui seul.
Non! Georgiev a fait moins mal à l'Avalanche que Ullmark a fait mal à ses Bruins en première ronde. Mais il n'a juste pas été assez bon pour permettre à l'Avalanche de composer avec un adversaire qui frappe sur plusieurs fronts.
Le Kraken a marqué le premier but dans chacune des sept parties de cette série. À un moment donné, ça finit par faire mal.
Cela dit, il faut donner tout le crédit qui leur revient à la direction et aux joueurs du Kraken. Le directeur général Ron Francis a multiplié les bonnes sélections. Il a travaillé d'une manière beaucoup moins flamboyante que ses homologues des Golden Knights de Vegas. Mais il a été très efficace en misant sur des joueurs qui ont été « rejetés » par leurs anciens clubs et qui démontrent, comme Grubauer et ses coéquipiers l'ont fait, que la cohésion et la profondeur peuvent faire contrepoids à l'absence de grandes vedettes.
Le Lightning a perdu
Je ne croyais jamais que j'écrirais un jour cette phrase, mais on doit ajouter le nom d'Andreï Vasilevskiy à la liste des gardiens qui n'ont pas été à la hauteur en première ronde.
Il n'est pas le seul coupable dans l'élimination du Lightning de Tampa Bay. Et peut-être qu'il est vrai que cette équipe, après deux conquêtes de la coupe Stanley et trois présences consécutives en grande finale, était un peu fatiguée.
Mais le Lightning formait quand même un meilleur club que les Maple Leafs de Toronto. J'en demeure convaincu. Malgré les blessures qui ont chassé Erik Cernak et le fait que Victor Hedman était très mal en point. C'est dans des circonstances pareilles qu'un gardien, un grand gardien, doit prendre les moyens pour prendre la relève et récompenser des coéquipiers qui lui ont rendu la vie plus facile depuis des années.
Perdre trois matchs de suite à Tampa, les trois fois en prolongation de surcroît, cela n'aurait pas dû se produire. Et ce ne serait pas arrivé si Vasilevskiy avait gardé les buts comme le vrai Vasilevskiy.
N'en déplaise aux Leafs et à leurs partisans, quand je regarde le déroulement de cette série, je suis bien plus d'avis que c'est le Lightning qui a perdu que les Leafs qui ont gagné. Et si Vasilevskiy avait été juste un brin plus à la hauteur de sa réputation, ce serait le branle-bas de combat à Toronto au lieu de la grande fête à l'aube de la deuxième ronde. Surtout qu'un duel contre la Floride plutôt que Boston semble ouvrir la porte à un printemps plus long à Toronto.
Dans les autres séries, il est difficile de parler de surprises.
Les Hurricanes de la Caroline ont eu plus de difficulté que prévu, mais ils ont battu les Islanders de New York.
J'aimais les chances du Wild du Minnesota contre Dallas, mais les Stars ont démontré à ceux qui ne croient pas en eux – ajoutez mon nom à la liste – qu'ils forment un très solide club de hockey.
Même chose pour les Golden Knights. Cette série a toutefois mis bien plus en évidence à quel point les leaders des Jets de Winnipeg sont surévalués que la valeur des joueurs des Knights.
Ils pourront le faire en deuxième ronde.
Quant aux Oilers d'Edmonton, ils ont failli gaspiller leur première ronde. Mais ils ne l'ont pas fait. Est-ce que ce sera le tremplin qui les propulsera cette année jusqu'en grande finale? Ça reste à voir. Car Stuart Skinner a soulevé plus de questions qu'il n'a offert de réponses en première ronde contre les Kings de Los Angeles.
Et non! Ça n'a rien à voir avec le cadeau qu'il a fait à Phillip Danault en tentant d'effectuer une passe avec un bâton qu'il ne savait pas brisé.
Devils-Rangers : pas vraiment une surprise!
Ça nous amène au duel du Hudson où je me trouve ce matin. À la série Devils du New Jersey-Rangers de New York qui prendra fin ce soir au Prudential Center à Newark dans le cadre d'un septième match.
Je croyais que cette série se rendrait à la limite. Je ne me serai donc pas trompé partout. Cela dit, je ne croyais jamais qu'elle se déroulerait de cette façon avec les Rangers qui ont planté les Devils deux fois de suite au New Jersey avant de perdre deux fois consécutives au MSG.
Mais bon! On est rendu au match sept. Et normalement, dans le match sept c'est l'expérience et les gardiens qui font la différence.
Les Rangers ont finalement secoué Akira Schmid lors du dernier match. La conclusion de la série passera donc par le gardien suisse.
Il sera bien appuyé par ses jeunes coéquipiers des Devils, par les Ondrej Palat, Erik Haula, Tomas Tatar et Dougie Hamilton qui ont plus de vécu.
Mais dans ce septième match, je ne peux parier contre Igor Shesterkin et contre les gros canons des Rangers. Je m'attends à une explosion de Artemi Panarin, de Patrick Kane, de Mika Zibanejad, de Chris Kreider et compagnie.
Et non à une implosion.
Je m'attends donc à ce que le club visiteur signe une 32e victoire en 50 matchs disputés lors de la première, comme quoi l'avantage de la patinoire ne veut plus dire grand-chose en séries.
Remarquez qu'à la lumière de la première ronde, le classement final de la saison régulière ne semble plus vouloir dire grand-chose non plus.
« Anyway! »
La réponse tombera tard ce soir, car le match débute à 20 h seulement.
Chronique de François Gagnon : L'hécatombe en première ronde lors des séries de la LNH - RDS
Read More
No comments:
Post a Comment