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Tuesday, November 14, 2023

Intronisation posthume de Pierre Lacroix : Patrick Roy salue un « grand rassembleur » - RDS

TORONTO - « Grand rassembleur, gars de famille, homme avec des valeurs très fortes! »

C'est avec ces trois bouts de phrase enfilés plus rapidement que les trois arrêts les plus rapides qu'il a eu à effectuer au cours de sa brillante carrière que Patrick Roy a relevé le défi de résumer, en 20 mots ou moins ce que ses souvenirs de Pierre Lacroix évoquent chez lui.

Comme Joe Sakic quelques minutes plus tôt, Patrick Roy a toutefois indiqué qu'il est impossible de se contenter de 20 mots pour honorer celui qui est entré au Temple de la renommée lundi, en compagnie de Pierre Turgeon, Caroline Ouellette, Tom Barrasso, Henrik Lundqvist, Mike Vernon et Ken Hitchcock.

Roy a donc enchaîné.

« Pierre était aussi un gagnant. Mais il ne s'est jamais contenté de simplement vouloir gagner, il a toujours pris les moyens pour gagner. Que ce soit comme agent ou comme dirigeant. Et quand tu regardes ce qu'il a fait dans ces deux rôles, il n'a jamais manqué son coup. Année après année. Je me considère très chanceux d'avoir pu compter sur lui comme agent d'abord, mais aussi comme directeur général, car il a eu un gros mot à dire sur mes deux dernières coupes Stanley », a ajouté Roy.

Homme de décision

Joignant sa voix au concert d'éloges auréolant la carrière de celui qui l'a aidé à gagner la coupe Stanley et qui l'a préparé à la gagner aussi à titre de directeur général, Joe Sakic a tenu à insister si la capacité de Lacroix de prendre des décisions.

« Pierre était un gars réfléchi. Il planifiait ses coups longtemps d'avance. Il analysait toutes les facettes permettant de prendre la meilleure. Il était toutefois guidé par deux choses : améliorer les chances de victoire de l'équipe tout en respectant le côté humain qui faisait de ses équipes des clubs unis. Quand tu y penses, c'est loin d'être facile de concilier les décisions difficiles et les relations humaines. Même que cela peut t'empêcher d'avancer. Mais Pierre était un homme de décision. Quand il avait pesé le pour et le contre et que le temps était venu de passer à l'action. Il y allait à fond. C'était un homme vraiment formidable et j'ai appris énormément avec lui », a défilé celui qui est passé de conseiller – un titre un brin détaché de la réalité puisque Sakic était alors bien plus un élève qu'un conseiller – à directeur général de l'Avalanche dont il est aujourd'hui le président.

L'acquisition de Raymond Bourque

Des décisions, Pierre Lacroix en a pris de très nombreuses. Elles lui ont permis de conclure des transactions importantes qui ont, dans la très grande majorité, été très favorables à son équipe. Certaines sont encore aujourd'hui considérées comme des vols de grand chemin.

Comme l'acquisition de Raymond Bourque.

Une acquisition que Lacroix avait gardée secrète même s'il avait donné un petit indice à Patrick Roy quelques semaines avant le jour J.

« On était à Dallas et Pierre se promenait avec un nez de clown accroché au visage. J'étais choqué après lui. L'équipe jouait mal, je jouais mal, tout allait mal. Je pense qu'on était au sixième rang et j'avais dit à Pierre que ce n'était pas le temps de niaiser », racontait Patrick Roy à son arrivée au Temple de la renommée lundi soir.

Avec le calme qui l'a toujours caractérisé, Pierre Lacroix a invité Roy à venir lui rendre visite à sa chambre une fois rentré à l'hôtel.

« On s'est mis à parler de l'équipe. Il m'a posé des questions. Il voulait même savoir si Bob (Hartley) avait encore le contrôle. Je lui avais répondu que Bob était un très bon coach et que ce n'était pas ça le problème. On a continué à parler et il a fini ça en me disant de lui donner deux semaines que les choses allaient s'améliorer. Il n'a pas ouvert son jeu plus que ça et deux semaines plus tard, Raymond Bourque arrivait à Denver», a conclu Roy en souriant.

L'arrivée de Bourque n'a pas propulsé l'Avalanche à la coupe dès la première année. Mais un peu plus de 12 mois plus tard, Joe Sakic offrait à Bourque le privilège d'être le tout premier joueur des «Avs» à soulever la coupe à bout de bras pour la première fois de sa carrière.

Et la dernière puisqu'il a annoncé sa retraite quelques semaines après cette conquête.

« Pierre était un gars positif. Un gars qui tenait à ce que ses joueurs évoluent dans une atmosphère gagnante », a indiqué Raymond Bourque qui a gardé des liens étroits avec Lacroix jusqu'à son décès il y a près de trois ans.

Après avoir rendu un hommage senti à celui qui a été son patron avant de devenir son mentor, Joe Sakic a remis la plaque immortalisant la place accordée à Pierre Lacroix au Temple de la renommée à son petit-fils Max.

Avec un aplomb remarquable, le jeune homme a parlé avec fierté et émotion de son « papa », qui était aussi son « meilleur ami.»  Il a aussi invité sa grand-mère sur la scène où Colombe Prénoveau, la voix étouffée par l'émotion, a regardé au ciel en disant à l'homme de sa vie : « tu as réalisé ton rêve! »

De loin le moment le plus poignant de la soirée.

Hitchock : dur et sensible

On doit à Ken Hitchcock le deuxième plus beau moment de la soirée. Une position un brin ironique quand on considère que le bon vieux Hitch a toujours été considéré comme un dur de dur par les joueurs qu'il dirigeait. Le genre de coach dont la main de fer n'a jamais été enveloppée d'un gant de velours.

« Ken était un gars exigeant, c'est vrai. C'était le genre de gars qui ne reculait de rien ni personne afin d'améliorer le sort de l'équipe. Afin d'obtenir le meilleur de ses joueurs. Quand je lui ai confié le mandat de diriger notre club-école à Kalamazoo, il a hérité d'une équipe misérable. Nous étions derniers au classement et l'organisation en entier était chambranlante. L'année suivante, il était à la tête d'un club gagnant », a indiqué Bob Gainey croisé sur le tapis rouge à l'entrée du Temple de la renommée.

« Ken était dur avec les joueurs, mais il était sensible aux personnes qui se cachaient sous les uniformes. C'est une nuance importante. Et c'est ce qui lui a permis de gagner aussi souvent – au quatrième rang dans l'histoire avec 849 victoires – et aussi longtemps dans la LNH », que Gainey a ajouté.

À la fin de son discours d'intronisation, Hitchcock a fait référence à un jeune joueur qu'il dirigeait à ses débuts.

« Un jeune qui avait de gros ennuis hors de la patinoire. On l'a aidé, on a passé beaucoup de temps avec lui pour le sortir de sa fâcheuse situation, mais il a malgré tout déserté l'équipe sans laisser de trace. Il y a trois mois, on m'a remis une lettre que ce jeune homme avait écrite il y a quelques années. Dans cette lettre, il m'annonçait qu'il était sobre aujourd'hui; qu'il était père de famille, qu'il avait un travail; qu'il menait une belle vie et il me remerciait pour le temps que j'avais mis à tenter de le guider. C'est aussi ça le coaching. Et je vous invite, vous tous qui dirigez des jeunes, à ne jamais oublier que vous pouvez faire une différence dans leur vie. Que cela vaut la peine de prendre du temps pour les comprendre et les aider », a-t-il conclu sous les applaudissements nourris de la foule.

Qui formera la cuvée 2024?

Au lendemain de l'intronisation des six nouveaux membres du Temple de la renommée, il est déjà temps de jeter un coup d'œil en direction de 2024.

Il semble acquis de Pavel Datsyuk recevra l'appel dès sa première année d'éligibilité.

Patrick Marleau et Ilya Kovalchuk jouiront-ils du même privilège? Possible, mais peu probable.

Shea Weber?

S'il ne fait aucun doute dans mon esprit que Weber sera un jour invité parmi les immortels du hockey, il pourrait devoir attendre quelques années lui aussi.

À mes yeux, il serait grand temps de corriger quelques erreurs avant d'ouvrir la porte trop rapidement aux nouveaux joueurs éligibles.

Les noms de Claude Provost – neuf coupes Stanley en 15 saisons avec le Canadien, cinq saisons d'au moins 50 points, deux de plus de 60 points alors qu'il était un as de la défensive et qu'il aurait remporté le trophée Selke si ce trophée avait existé à l'époque – et d'Alexander Mogilny sont les deux premiers à me venir en tête.

Bien avant celui de Jeremy Roenick, par exemple...

Les mises en candidatures sont ouvertes.

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